La Fed s'engage résolument dans la sortie de crise

La hausse du taux d'escompte de la Réserve fédérale américaine, porté dans la soirée de jeudi de 0,50 % à 0,75 %, constitue le véritable démarrage de sa stratégie de sortie de crise. Mais il serait tout à fait prématuré de l'assimiler à une première hausse des taux, car la Fed ne fait qu'engager un processus de normalisation. Pour faire face à la crise, elle avait abaissé son taux directeur - le taux cible de fonds fédéraux - à un niveau voisin de zéro, en l'enserrant dans une fourchette de 0 % à 0,25 % en décembre 2008, tout en ramenant le taux d'urgence que constitue l'escompte à 0,50 %, réduisant le traditionnel écart de 100 points de base entre ces deux bornes à un minuscule 25 points de base.Avant d'infléchir sa politique monétaire, la banque centrale de Washington va devoir s'assurer que le marché interbancaire a repris un rythme de fonctionnement « de routine », c'est-à-dire qu'il a de nouveau recours au marché pour se fournir en liquidités au lieu de s'abriter au guichet de la Fed. Au gré du retour à la normale des conditions du marché monétaire, la Fed va donc progressivement rétablir le différentiel entre ses deux piliers de politique monétaire, avant, in fine, de sortir de la politique de taux zéro, vraisemblablement vers la fin de l'année.Effet de surpriseC'est la certitude que la Fed s'oriente désormais résolument vers la sortie de crise et qu'elle le fait plus tôt que prévu qui a déboussolé les marchés et propulsé le dollar à un nouveau point haut de neuf mois face à l'euro. Au plus haut dans les transactions de vendredi, le billet vert s'est hissé jusqu'à 1,3450 et si, l'on en croit le stratège change de la banque UBS à Londres, il devrait s'attaquer à la barre de 1,30 pour 1 euro au cours des prochaines semaines.Son potentiel d'appréciation est d'autant plus grand que les écarts de conjoncture entre les États-Unis et l'Europe se creusent de jour en jour. Le dynamisme retrouvé de l'oncle Sam contraste avec l'atonie de la zone euro, encore confirmée vendredi par la stagnation de l'indice composite des directeurs d'achats à 53,7 en février. Sur les marchés obligataires, les rendements des obligations d'État américaines à deux ans et à dix ans, qui évoluent en sens inverse des prix, ont dans un premier temps bondi de 8 points de base jeudi soir, pour atteindre respectivement 0,96 % et 3,82 %, avant de se stabiliser dans la journée de vendredi.Par ricochet, le rendement du Bund allemand de maturité 10 ans a augmenté jusqu'à 3,29 %, en hausse de 5 points de base, avant de revenir 3,27 %.
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