La Banque mondiale s'inquiète des flux massifs de capitaux vers l'Asie

Risque de bulle ou pas sur les marchés asiatiques ? La Banque mondiale, elle, a choisi son camp. Dans son dernier rapport, l'institution met clairement en garde les gouvernements de la région contre le risque de bulle financière liée à l'afflux massif de capitaux dans ces pays. Chassés vers l'Asie, en raison de la faiblesse des taux d'intérêt dans les pays occidentaux, ces mouvements de liquidités seraient selon la Banque mondiale responsables d'une envolée de 10 à 15 % de la valeur des monnaies de la région par rapport à leur niveau d'avant crise, en termes réels. « Nous voyons que les pays en développement d'Asie orientale s'efforcent de gérer les forts volumes de liquidités générés en grande partie par l'assouplissement de la politique monétaire des États-Unis », a déclaré mardi Vikram Nehru, économiste en chef de la Banque Mondiale pour l'Asie-Pacifique. « Si cette abondance de liquidités reste durablement à un tel niveau, je pense qu'ils devront prendre de nouvelles mesures. [...] Des signes montrent en effet que ces flux vers l'Asie orientale se font de plus en plus à court terme », a-t-il ajouté.Les initiatives se multiplientHantés par les souvenirs de la crise de 1997, certains pays prennent en effet le problème très au sérieux. La Corée du Sud devrait, par exemple, dévoiler plusieurs mesures en vue de traquer les liquidités de trop, responsables de la forte appréciation (+ 7,6 % face au dollar ces trois derniers mois) de sa monnaie, le won. « Nous allons étudier avec précaution la possibilité de mettre fin aux déductions d'impôts sur les obligations d'État achetées par des étrangers », a indiqué le ministre des Finances coréen. L'Asie n'est d'ailleurs pas le seul continent concerné. En Amérique latine, par exemple, le Brésil vient de relever pour la deuxième fois en l'espace d'un mois l'« IOF », une taxe portant sur les transactions financières effectuées par des investisseurs étrangers sur le marché obligataire brésilien. Celle-ci sera portée de 4 % à 6 %. « Cette mesure doit permettre de décourager les spéculateurs à court terme, responsables en partie de l'envolée du real », explique Guido Mantega, ministre des finances brésilien.Les inititatives isolées, on le voit, se multiplient. Même si le discours plaide aussi de plus en plus pour une intervention concertée. « La seule solution réside dans une réponse coordonnée », a rappelé Guido Mantega. Un discours que véhicule également la Banque Mondiale. Parmi ses suggestions, elle invite en effet les pays d'Asie à élaborer « une approche commune» au sein de l'Association des pays du sud-est asiatique (Asean). Marjorie Bertouille
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