Le G7 se mobilise pour contrecarrer la flambée du yen

Non, le G7 n'est pas mort : face à la tragédie japonaise, les protagonistes du groupe des pays que l'on appellent encore les plus riches du monde ont procédé aux petites heures de la matinée de vendredi à une intervention massive sur le marché des changes pour freiner la flambée désordonnée du yen. C'est leur première intervention concertée depuis septembre 2000, époque à laquelle il s'agissait (déjà) de sauver le soldat euro, qui s'enfonçait vers le record de faiblesse qu'il allait touché le mois suivant à 0,8230 dollar.Emboîtant le pas à la Banque du Japon, qui a ouvert les hostilités en achetant selon les estimations encore davantage de dollars que les 25 milliards engrangés le 15 septembre lors de la plus grosse intervention de change de son histoire, les instituts d'émission les puissants de la planète ont fait jouer à plein la solidarité avec le pays du soleil levant. Ce message d'urgence pour répondre à une situation d'urgence a été suffisamment clair et le signal si unanime que la spéculation a immédiatement baissé les bras, les acheteurs débouclant une partie de leurs positions longues en yens accumulées depuis le séisme. L'union a fait la force. Après avoir poussé une pointe jusqu'à 76,25 pour un dollar jeudi, le yen a reperdu pratiquement tous les gains qui l'avaient entraîné à ce record absolu de vigueur face au billet vert, enfonçant le précédent plafond de 79,75 datant d'avril 1995, trois mois après le tremblement de terre, déjà meurtrier, de Kobe. Au plus bas dans les transactions, la monnaie de l'archipel a reflué vendredi jusqu'à 82 pour un dollar. Soit un aller et retour spectaculaire de quelque 5% dans chaque sens en une semaine. Et maintenant ? La grande majorité des stratèges estime que le G7 a pointé le niveau au dessus duquel il ne souhaite pas laisser durablement monter le yen face au dollar, pour éviter d'ajouter au drame japonais un brûlot supplémentaire. Car un yen trop fort, c'est la quasi certitude de faire replonger dans la récession le Japon, dont le moteur historique - et le seul encore valide - de la croissance est constitué par les exportations. Tant que l'ombre des banques centrales du G7 continuera à se déployer sur les marchés, la reprise de la hausse du yen sera bridée. Mais si les rapatriements de capitaux s'accèlèrent, d'abord pour le bouclage de l'exercice fiscal le 31 mars, puis pour les besoins de la reconstruction, les pressions haussières recommenceront à se manifester. D'autant que les intervenants du marché ont pleine conscience que les compteurs d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'en 1995. Pour effacer une décennie de déflation au Japon, il faudrait que le yen monte bien davantage pour égaler le record d'il y a seize ans. Compte tenu de l'écart d'inflation cumulé entre les Etats-Unis et le Japon depuis cette époque, c'est une parité de quelque 50 yens pour un dollar qui remettrait les compteurs à zéro. Isabelle Croizard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.