Les Champs- Élysées passent au vert

Pourquoi vingt ans après la Grande Moisson revenez-vous sur les Champs-Élysées ?Gad Weil : Le monde a bien évolué depuis ! Nous avons changé de siècle, de monnaie et les questions environnementales préoccupent. Sans parler du fait qu'à l'époque, j'avais 30 ans. J'en ai maintenant 50, l'âge où l'on commence à regarder ce que l'on laisse derrière soi. Tout le monde semble se rappeler de la Grande Moisson d'il y a vingt ans, tant mieux, mais en réalité je suis déjà revenu sur les Champs depuis, avec, par exemple, l'expo sur les trains, le nouvel an chinois. Concrètement, en quoi consistera Nature Capitale ?J'ai tenu à travailler sur tous les paysages de France. Les visiteurs pourront effectuer une immense promenade en remontant du rond-point des Champs-Élysées jusqu'à l'Étoile. Cela commencera par un champ de blé, clin d'oeil à la Grande Moisson, puis, par un choix de couleurs approprié, on glissera des grandes cultures céréalières vers les cultures maraîchères et potagères, ensuite viendront les vergers pour, enfin, finir sous des grands arbres de 7 mètres de haut installés près de l'Arc de triomphe. En même parrallèle, les promeneurs évolueront dans des univers empruntés aux jardins à la française, à l'anglaise et contemporains. Comment réalise-t-on un tel projet ?J'ai travaillé avec l'association Jeunes Agriculteurs et l'interprofession France-Bois-Forêt. Nous avons ainsi créé 8.000 parcelles végétales de 1,20 mètre par 1 mètre qui s'emboîtent les unes dans les autres. En tout, 150.000 jeunes plants, 11.000 jeunes arbres et 650 grands arbres seront installés. Le tout en une nuit grâce à une noria de 200 camions. Cherchez-vous à délivrer un message à travers cette création ?Je crois que la pédagogie doit se faire de façon jubilatoire. Nature Capitale est donc une façon de faire prendre conscience au grand public de l'importance des questions environnementales. Par ailleurs, je suis l'un des membres fondateurs de l'ONG Action contre la faim. J'ai donc un grand respect pour les agriculteurs, qui ont pour mission de nourrir le monde. Je ne veux pas qu'ils soient désignés comme les boucs émissaires de la pollution. L'opération Nature Capitale valorise leur travail et, en même temps, permet d'engager un débat apaisé sur la responsabilité de chacun. Comment avez-vous bouclé votre budget ?L'art de la rue est un art de mendiant. Il n'y a pas de billetterie. Pour le grand public, c'est gratuit. Je n'ai reçu aucune subvention publique. Je dispose d'un budget de 4,2 millions d'euros, le même que pour la Grande Moisson, il y a vingt ans. Mes partenaires, les Jeunes Agriculteurs et l'interprofession France-Bois-Forêt, ont fabriqué les parcelles. Des entreprises partenaires, comme le Crédit Agricolegricole, Geodis, Kraft, etc., participent aussi à l'opération. Elles disposeront d'un espace dans un village établi en bas des Champs. Originalité, le dernier tiers de mon budget sera assuré par la vente de « fragments » et d'« éclats » des parcelles au public et à des bienfaiteurs. Je les appelle des « essaimeurs », car ils pourront replanter ces morceaux de notre oeuvre et ainsi la faire vivre. Si nous arrivons à vendre 2.000 parcelles, le budget sera bouclé. C'est un pari. Et après ?Si l'opération parisienne réussit, comme il s'agit d'un concept planétaire, je suis en contact avec des villes comme New York, São Paulo et Istanbul pour décliner localement ce projet.
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