La France pourrait demander l'interdiction d'importer des OGM en Europe

La déclaration de Jean-Marc Ayrault jeudi à Dijon quant à l\'éventualité d\'une demande française d\'interdiction des OGM sur le territoire européen n\'est que la dernière en date, suite à la publication mercredi des résultats de l\' étude commandée par le CRIIGEN (Comité de recherche et d\'information indépendantes sur le génie génétique). Une équipe de chercheurs de l\'université de Caen emmenée par Gilles-Eric Séralini a étudié sur une période de deux ans l\'impact d\'une ingestion par des rats de maïs génétiquement modifié NK603, produit par Monsanto. Ils concluent à une surmortalité et à l\'apparition de nombreuses tumeurs, essentiellement mammaires, dont la plupart sont apparues au quatrième mois, alors que les études menées par les industriels ne dépassent pas trois mois.Culture interdite, importations autoriséesConcernant les OGM, les media se sont jusqu\'à présent surtout focalisés sur la problématique de la contamination en plein champ, plutôt que sur leur impact sur la santé. En France, leur culture est interdite, et le gouvernement a réaffirmé lors de la Conférence environnementale le moratoire sur les semences autorisées au niveau communautaire.En revanche, les importations sont autorisées, mais il est vrai qu\'en Europe nous en consommons assez peu. En revanche, les animaux que nous mangeons, dont nous consommons le lait et d\'autres produits laitiers, en sont, eux, largement nourris. Notamment le soja transgénique.150.000 produits chimiques testés sur les ratsOr, comme le fait remarquer le chercheur Gilles-Eric Séralini qui a coordonnée l\'étude, « Il est dangereux de manger des animaux malades, quelle que soit l\'origine de la maladie ».S\'insurgeant contre « le laxisme et même la malhonnêteté des agences de sécurité sanitaire », mais aussi « la mauvaise foi des critiques » qui s\'élèvent depuis hier contre cette étude, le chercheur rappelle quelques faits : difficile de nier le lien entre toxicité chez les rats et chez les humains alors que 150.000 produits chimiques ont été testés sur des rats, et que dès lors qu\'un produit s\'avère nocif pour l\'animal, son développement est interdit pour l\'humain.Il se désole également de constater que les liens entre santé et environnement ne soient pas enseignés dans les études de médecine.Généraliser les études sur deux ans Sur la base des résultats fournis par cette étude, Gilles-Eric Séralini et son équipe demandent plusieurs choses : que les résultats des études menées par les industriels soient rendus publics ; que des tests sur la durée de vie (deux ans pour les rats) et non plus sur 90 jours soient généralisés pour tous les OGM, à faible dose et sur la formulation commerciale des produits, et pas seulement le principe actif ; qu\'une contre-expertise soit systématiquement menée, comme en justice.Les agences sanitaires en accusationAu-delà de cette modification des procédures d\'homologation des OGM, les chercheurs demandent également le renouvellement des équipes des agences sanitaires, française mais surtout européenne. « Il serait impensable que nos travaux soit étudiés par les mêmes qui ont précédemment homologués le NK 603 », insiste Corinne Lepage. L\'indépendance des agences sanitaires, notamment l\'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), est l\'un de ses chevaux de bataille. Un débat en présence de parlementaires européens et l\'audition de sa directrice, la Française Catherine Geslain-Lanéelle, sont d\'ailleurs prévus.La Californie étudie l\'étiquetage des OGML\'étude des chercheurs de l\'université de Caen trouve une caisse de résonnance particulière aux Etats-Unis, car où l\'Etat de Californie envisage de rendre obligatoire l\'étiquetage des OGM, une décision qui pourrait avoir un effet d\'entraînement sur le reste du pays. C\'est sans doute ce qui explique la virulence de certaines réactions de la part de scientifiques américains.Dès mercredi, Corinne Lepage a saisi les ministres de l\'agriculture et de l\'environnement des Etats Membres européens pour qu\'ils saisissent à leur tour la Commission européenne au vu de ces « nouveaux résultats », en application de la directive 2011-18.Un débat planétaire sur InternetElle souhaite également que soit reposée à Bruxelles la question des perturbateurs endocriniens (tels que, d\'après les résultats de l\'étude, le pesticide Roundup,également produit par Monsanto ), et entend lier le sujet des OGM aux débats en cours sur politique agricole commune en insistant sur la nécessité de relancer la production de protéagineux, permettant l\'élaboration de filières de viande et de lait sans OGM.A court terme, tous souhaitent que le débat lancé sur Internet prenne une dimension planétaire, permettant notamment à la Californie de « prendre une décision en connaissance de cause ».     
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.