« Les distributeurs n'accepteront que les hausses de tarifs clairement justifiées »

L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) diffuse un « audit » de l'application de la LME (loi de modernisation de l'économie). Elle y souligne que 80 % des fournisseurs espèrent un ajustement législatif, notamment sur le respect des tarifs par les distributeurs. Que lui répondez-vous ?Il ne s'agit pas d'un audit, mais d'un sondage réalisé auprès des membres de l'Ania. La FCD se doit de rappeler que la LME a atteint les deux objectifs fixés par le gouvernement : faire baisser les prix et faire baisser les marges arrière. Tous les chiffres le démontrent : les prix des produits de grande consommation ont baissé. C'est le signe que la LME a bien fonctionné. Elle a réinstallé des conditions normales de négociation. Et cela est fort important, dans le contexte actuel de hausse des matières premières où la concurrence devra jouer.Précisément, le sondage de l'Ania souligne combien ces conditions de négociations sont anormales. Depuis le début, l'Ania est contre la LME. Actuellement, elle danse un tango compliqué entre sa volonté de réformer la loi et celle de la voir appliquée. Elle espère toujours obtenir la négociation ligne à ligne avec justification de tous les points de réduction de prix obtenus. En douze ans, les textes régissant les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs ont été révisés cinq fois. Il faut cesser ce harcèlement. La FCD est prête à passer le temps qu'il faut pour obtenir une bonne application de la loi, à condition que le fond du texte ne soit pas remis en cause. La Commission d'examen des pratiques commerciales (CEPC) est le lieu naturel pour discuter de son application.Au final, craignez-vous une remise en cause de la LME ?Non. Mais je regrette cette agitation.Catherine Vautrin, présidente de la CEPC, réunit tous les mardis distributeurs, fournisseurs et la DGCCRF sur l'application de la LME. À quoi servent ces réunions ?Ces réunions se tiennent en parallèle des CEPC. Or, les CEPC ont du mal à intégrer dans leur débat des données économiques. Elles s'en tiennent à des points de droit. Les « mardis de la LME » ont le mérite de saisir la réalité économique. Aux yeux de beaucoup, la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) que Darty a soulevée fait planer un autre risque de réforme de la LME. En faites-vous partie ? Il faut que le droit soit dit. Il est vrai que cette QPC pourrait avoir pour conséquence de rouvrir un chantier législatif.Regrettez-vous l'action menée par Darty ? Non. Et si le Conseil constitutionnel exige que la loi soit revue, la FCD sera là.La hausse des matières premières relance aussi le débat. Quelle sera la position des enseignes ?Le FCD veut préciser, contrairement à ce qu'affirme le président de l'Ania, que les distributeurs accepteront des hausses de tarifs justifiées par l'augmentation des revenus des producteurs agricoles. Nous ne voulons pas que cette hausse soit l'occasion de faire passer des augmentations de tarifs injustifiées. Il n'y a pas à s'alarmer de cette position. Cet ajustement tarifaire devra être fait dans le cadre des négociations 2011 à boucler d'ici février. Et non avant. Il nous faut éviter de revenir tous les trois mois sur les prix. Gardons-nous d'affirmer que les distributeurs refusent de négocier. Propos recueillis par J. G.Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD)
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