L'Allemagne demande à Google Street View un « code de bonne conduite »

L'Allemagne accorde un délai à Google Street View. Ce lundi, à l'issue d'une réunion au sommet entre experts et politiques sur le sujet, le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a laissé une chance au groupe américain. Il n'y aura pas de « loi Google » comme le réclamaient certains pour s'assurer que le logiciel, qui permet de visualiser des photos sur Google Earth, respecte la vie privée et la volonté des personnes concernées. Du moins, pas avant la fin de l'année. Le gouvernement fédéral invite en effet les entreprises concernées à élaborer d'ici au 7 décembre prochain un « code de bonne conduite » commun. « Je souhaite que ces services mettent en place des règles favorables au respect de la protection des données », a ajouté Thomas de Maizière. Si ces « codes » laissés à l'appréciation des entreprises se montrent décevants, le ministre n'exclut pas d'en passer par une procédure législative. Usage libre de l'espace publicGoogle Street View est un sujet extrêmement sensible outre-Rhin où les citoyens ne badinent pas avec leur droit à l'image. Du coup, lorsque le géant américain de l'Internet a décidé de faire circuler ses autos armées d'appareils photographiques pour étendre à vingt villes d'Allemagne les vues qu'il a déjà réalisées dans 23 pays, une forte résistance s'est organisée. Plus de 200.000 Allemands ont ainsi déjà fait savoir à Google leur refus de voir leur domicile figurer sur le site. Les politiques n'ont pas tardé à entrer dans la danse et l'idée d'une « Lex Google », destinée à freiner la curiosité du géant américain de l'Internet, a rapidement circulé. Elle a été défendue par la ministre de la Protection de la consommation, Ilse Aigner, et sa collègue de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger. Cette dernière avait réclamé lundi matin que le droit d'opposition des citoyens soit « ancré dans la loi ». En face, la fédération des sociétés technologiques allemandes, le Bitkom, s'est inquiétée de cette tendance à légiférer. Il a pu s'appuyer sur Thomas de Maizière qui estime que, non seulement la géolocalisation photographique peut avoir une utilité, mais aussi que « l'usage libre de l'espace public » doit être garanti et qui s'oppose à une loi sur le sujet. Le ministre de l'Intérieur l'a donc emporté dans un premier temps, mais le « code de bonne conduite » sera sous la surveillance étroite du gouvernement qui ne veut pas offrir à l'opposition, notamment aux Verts très en pointe sur ce sujet, l'occasion de flétrir sa faiblesse. Le Bitkom sera chargé de coordonner le futur code. Thomas de Maizière a estimé qu'il devra faciliter l'accès au droit de refus des citoyens de voir leur domicile et leurs biens figurer sur les sites concernés, mais aussi qu'il devra renforcer le respect de la protection des données et des droits de la personne en général. Autrement dit, si Google ne veut pas attacher son nom à une loi rigoureuse l'an prochain, il devra accepter que quelques points restent noirs sur ses images des rues allemandes.

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