Perte du triple A de la France : ce qu'a vraiment dit Moody's

Moody's a abaissé lundi vers 23h la note de la France, de "Aaa" à "Aa1". La perspective associée à la note reste "négative". Chacun y va de son commentaire. Mais comment l'agence de notation explique-t-elle sa décision ?1- Par un manque de réformes structurelles, qui pèse sur les perspectives de croissance à long terme. L'agence évoque des "rigidités persistantes des marchés du travail, des biens et des services" et une faible capacité d'innovation. Pour l'agence, ces denières expliquent la perte de compétitivité "graduelle mais soutenue" du pays et l'érosion de la "base industrielle destinée à l'exportation". 2- Par un manque de croissance, qui pèse sur les perspectives budgétaires. A court terme, ce déficit de croissance s'explique par la faiblesse de la demande (à la fois domestique et externe). A long terme, il s'explique par les rigidités structurelles déjà évoquées. L'agence explique dans son communiqué qu'elle juge "les hypothèses de croissance de 0,8 % en 2013 et 2 % à partir de 2014 trop optimistes". Les prévisions de déficit budgétaire - qui prévoient un retour à l'équilibre structurel en 2016 - sont construites sur ces bases.Parmi les éléments qui pèsent sur la demande domestique, Moody's cite l'augmentation du chômage, la hausse des impôts, la correction du marché immobilier ainsi qu'une croissance limitée du revenu disponible des ménages. Par ailleurs, "les exportations ne devraient pas tirer l'activité économique car la demande extérieure se réduit". En cause : les difficultés des partenaires commerciaux européens comme l'Italie et l'Espagne.3- Par la crise de la zone euro. Moody's explique que l'exposition "disproportionnée" de la France aux pays périphériques comme l'Italie (via les échanges commerciaux et via son système bancaire) rend la résilience de la France aux futurs chocs de la zone euro de plus en plus difficile à prévoir."Les banques françaises ont des expositions considérables à certains des pays les plus faibles de la zone euro", constate Moody's dans son communiqué. "Par conséquent et en dépit de leur bonne capacité à absorber les pertes, les banques françaises restent vulnérables à une nouvelle aggravation de la crise".L'augmentaton des engagements de la France dans les différents mécanismes d'aide européens (notamment FESF et le MES) a également pesé dans la décision de Moody's. "En même temps, en cas de besoin, la France - comme les autres membres de la zone euro grands et bien notés - pourrait ne pas bénéficier de ces mécanismes de soutien dans la même mesure, étant donné que d'ici là les ressources auront déjà été épuisées", peut-on lire dans le communiqué de Moody's. L'agence estime que si la zone euro devait venir en aide à un pays comme l'Espagne, "les membres les mieux notés comme la France supporteraient une part disproportionnellement élevée de cette charge". A bon entendeur....La note de la France reste élevéeL'agence de notation souligne que "la France conserve une note extrêmement élevée, à Aa1, en raison des atouts importants dont dispose le pays". Moody's évoque "une économie large et diversifiée qui soutient la résistance économique de la France et un engagement fort envers des réformes structurelles et la consolidation budgétaire".S&P, Moody's... et maintenant Fitch ? Moody's avait abaissé le 13 février la perspective de la note française de stable à négative tout en restant à Aaa. Standard and Poor's avait pour sa part abaissé d'un cran le 13 janvier la note de la France, de AAA à AA+, en réaction à l'aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires de la zone euro. Quant à Fitch Ratings, la troisième des grandes agences de notation internationales, elle prévoit de se prononcer courant 2013 sur l'évolution du triple A (sous perspective négative) qu'elle attribue encore à l'Etat français.
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