Croissance nulle en 2013 : et après ?

Emploi : 250 000 nouveaux chômeurs? Si le PIB ne progresse pas cette année, ou d'à peine 0,1%, ceci va faire très mal sur le front de l'emploi et du chômage. Déjà, les services de l'Unedic (qui gère l'assurance chômage), sur la base du consensus des économistes, avait anticipé une croissance limitée à 0,1% pour 2013. Dans ces conditions, toujours selon l'Unedic, cela se traduirait par 178.800 chômeurs inscrits supplémentaires. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lui, se montre plus négatif encore. Avec une croissance proche de zéro, près de 160.000 emplois seraient détruits dans le privé cette année. Et comme dans le même temps environ 100.000 nouveaux actifs arriveront sur le marché du travail, il pourrait donc y avoir un total de 250.000 nouveaux chômeurs. Le taux de chômage progressait alors d'environ 0,9% pour s'établir dans une fourchette comprise entre 10,8 et 11% de la population active... Un record depuis les années 1994 et 1998 ! Reste à connaître le comportement des entreprises. Seront-elles tentées de gagner en productivité et ainsi de se séparer de leurs salariés ou, à l'inverse, éviteront-elles de licencier pour ne pas rajouter à la crise ?"Après avoir résisté jusqu'ici, un certain nombre d'entreprises sont peut-être à la limite de la rupture. Il faut bien avoir en tête que l'économie est en panne depuis le printemps 2011. On peut donc craindre une évolution non linéaire du chômage cette année si l'activité ne décolle pas. Si ce scénario du pire devait se réaliser, la question du financement des dépenses sociales se poserait avec une acuité presque dramatique", explique Philippe Waechter, économiste chez Natixis Asset Management, qui anticipe au pire un repli du PIB tricolore cette année, au mieux, sa stagnation.Les nouveaux dispositifs en matière de lutte contre le chômage peuvent-ils jouer un rôle d'amortisseur? Pour réduire véritablement le nombre de demandeurs d'emplois, il faut soit une croissance forte, soit une baisse importante des cotisations. De fait, une mesure comme le contrat de génération est intéressante en ceci qu'elle peut réduire le nombre de chômeurs aux deux extrémités du spectre, c'est à dire les jeunes et les seniors. Mais elle ne permettra pas de baisser radicalement le taux de chômage", estime Nicolas Bouzou chez Asteres.Déficit public : 3,5% ou plus?Dans un tel contexte, l'objectif de 3% de déficit public est inatteignable. Bruxelles envisagerait un ratio de 3,6% en 2013. Si le gouvernement s'entête à tenir son objectif, il n'aura pas le choix. Il devra jouer sur la fiscalité pour augmenter les recettes ou  tailler un peu plus dans les dépenses. Ou actionner ces deux leviers.  "Or, sur ces deux points, le gouvernement a déjà beaucoup fait. Il y a donc fort à parier qu'il laisse gentiment filer le déficit en 2013 entre 3,5% et 4,5% du PIB tout en assurant Bruxelles et les marchés que l'objectif de 2017 sera tenu", avance Nicolas Bouzou .Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, est a peu près sur la même longueur d'ondes : "Avec une croissance nulle ou très légèrement positive, le gouvernement qui avait établi son budget 2013 sur une perspective de croissance de 0,8% devra revoir fondamentalement sa copie. Grosso modo, si on additionne les mesures décidées dans le budget et les lois de finances rectificatives, l’effort demandé cette année représente déjà environ 36 milliards d’euros, soit près de deux points de PIB. Si le déficit français pronostiqué par la Commission européenne s’avère finalement proche des 3,6% du PIB au lieu des 3% prévus, cela signifierait, pour être dans les clous, qu’il faudrait cette année fournir un effort supplémentaire (recettes et/ou économies) de 6 milliards. De quoi assommer l’économie. Il serait donc plus sage d’accepter de ne pas atteindre l’objectif de 3% dès cette année"... D’autant plus que, prudemment, l’Etat a déjà constitué une réserve de précaution de 6 milliards d’euros et qu’un « surgel » de crédits de 2 milliards est évoqué.La bienveillance de Bruxelles?Malgré ces mauvaises nouvelles, le gouvernement bénéficie de la clémence de Bruxelles et des agences de notation (comme Standard & Poor's) qui "récompensent" les efforts récents en matière de compétitivité et de redressement des comptes publics (pacte de compétitivité, accord sur l'emploi). Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires,  préfère que Bruxelles ne sanctionne pas la France pour non-respect de ses engagements communautaires (déficit limité à 3%) et souhaite accorder un peu plus de temps à la France, afin de ne pas étouffer dans l'œuf une éventuelle reprise d'ici à la fin de l'année. De fait, la Commission ne pourra que constater les efforts fournis par la France pour réduire son déficit structurel. Selon une étude de l’OFCE, depuis 2010, l’Hexagone a produit un effort équivalent à 100 milliards d’euros, Et son déficit public se réduit régulièrement : 5,2% en 2011, 4,5% en 2012… sans doute environ 3,6% en 2013.Souhaitant bénéficier de ce vent portant le plus longtemps possible, le gouvernement a donc bien l'intention de multiplier les gages de bonne volonté, pour se faire pardonner son optimisme initial en matière de croissance et de réduction de déficit public. "Ce n'est peut-être pas un hasard si le débat sur les allocations familiales et les retraites s'anime actuellement", constate Philippe Waechter. 
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