Danone multiplie les études cliniques pour séduire la Commission européenne

Branle-bas de combat au centre de recherche de Danone à Palaiseau (Essonne). Comme beaucoup d'autres groupes, le géant de l'agroalimentaire attend avec impatience les autorisations de l'Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) et de la Commission européenne sur les allégations nutritionnelles de ses principaux produits. Petit Gervais et Danacol ont déjà reçu un avis positif sur leur richesse en calcium ou leur efficacité contre le cholestérol. Restent encore Actimel, Activia et d'autres. « Les décisions ont pris beaucoup de retard », déplore le directeur des affaires scientifiques et réglementaires du pôle produits laitiers, Éric Doulat.s'adapter aux populationsMais cette législation contraignante, annoncée dès 2007, a permis à Danone de renforcer considérablement sa recherche et notamment son budget consacré aux études cliniques. De 3 millions en 2005, il est passé à 28,7 millions d'euros en 2009 (14 % du budget recherche total du groupe). Ces études servent à répondre aux exigences européennes, mais aussi à améliorer constamment les produits pour les adapter aux besoins spécifiques de chacun. « Nous pensons que les habitants des pays émergents n'ont pas besoin des mêmes yaourts que nous », explique le directeur général de la recherche sur les produits laitiers, Frédéric René. Ainsi, Petit Gervais aux fruits, appelé aussi Danimals aux États-Unis ou Ratishka en Russie, est enrichie en calcium pour ces trois pays mais aussi en zinc et en iode au Brésil, où il s'appelle Danoninho. Sa formulation est même adaptée à l'absence de réfrigérateur au Bangladesh ou en Afrique du Sud. De la même façon, le nouvel édulcorant naturel, Stevia, est décliné en yaourts pour le marché japonais, en boissons pour le Brésil, et attend un feu vert des autorités françaises pour être lancé sous une autre déclinaison, encore secrète.Mais ces études cliniques coûtent aussi très cher. De 100.000 euros pour les plus simples à 4,5 millions pour celle sur Actimel, effectuée entre 2006 et 2008. Or, cette étude sur la petite potion censée renforcer nos défenses immunitaires n'était qu'une des sept menées en trois ans pour un budget total de 12 millions d'euros et un résultat incertain. Pour le moment, la Commission européenne ne semble pas très favorable aux allégations du type de celle d'Actimel. Du coup, le groupe s'est déjà préparé au pire. Dans ses publicités télé, le plaisir et le partage en famille ont remplacé les scientifiques. Au final, ces contraintes pourraient mettre un sérieux coup de frein à l'innovation. « Si le privé est ainsi entravé en Europe, la recherche ne sera pas financée et notre compétitivité mondiale en pâtira », prédit Frédéric René. Sophie Lécluse
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