La Fed passe du réglage fin au « ? happening ? » bien dosé

C'est le calendrier plus que la décision qui a surpris : la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé, jeudi dernier après la clôture de Wall Street, le relèvement d'un quart de point à 0,75 % de son taux d'escompte (notre édition numérique de samedi). La semaine dernière, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait bien laissé anticiper un prochain mouvement sur l'escompte dans le discours qu'il avait rédigé en vue de son audition semestrielle devant le Congrès. On pouvait y lire : « L'économie américaine continue d'avoir besoin du soutien de politiques monétaires très accommodantes... mais à un moment donné, la Réserve fédérale devra durcir les conditions financières. » Les minutes du dernier conseil de la Fed, rendues publiques mercredi, laissaient, elles aussi, entrevoir la mise en oeuvre prochaine des stratégies de sorties de crise et notamment l'ajustement du taux d'escompte. Ramené à 0,5 % en décembre 2008, en même temps que le taux cible des fonds fédéraux était abaissé dans une fourchette de 0 % à 0,25 %, il avait lui aussi subi un traitement de crise. L'écart traditionnel de 100 points de base avec les « fonds » avait été réduit à 25. La remontée de cet écart à 50 points de base amorce la normalisation de la politique monétaire, mais ne doit en aucun cas être interprétée comme l'amorce d'un resserrement du principal taux directeur de la Fed, qui restera au plancher « pendant une période prolongée ».prochaines annoncesDans l'immédiat, l'objectif recherché par la Fed est d'inciter les banques à rechercher les liquidités dont elles ont besoin sur les marchés avant de venir au guichet de la Fed, où il faudra désormais payer plus. Le taux d'escompte retrouve son caractère pénalisant. Mais en toute hypothèse, la Fed ne devrait pas toucher aux fonds fédéraux avant d'avoir rétabli le différentiel historique avec l'escompte. Il faudrait donc encore deux gestes d'un quart de point sur le taux d'escompte avant qu'un resserrement monétaire au sens propre du terme n'intervienne.Compte tenu de l'effet de surprise qu'a créé la Fed, même si le terrain avait été minutieusement balisé, il faut se préparer à un « happening » permanent au cours des prochains mois. Car elle n'attendra pas les réunions, trop rares, de son conseil pour s'occuper de la « tuyauterie », c'est-à-dire de retirer progressivement toutes les rustines qu'elle avait collées pour colmater les fuites. Hormis la normalisation du taux d'escompte, il faut s'attendre à de prochaines annonces sur la revente des actifs financiers acquis pendant la crise, le paiement d'intérêts sur les réserves excédentaires des banques et des reprises de liquidités à grande échelle.
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