Rigueur ? : l'aveu très calculé de Guéant

Ce n'est pas encore la rigueur mais cela commence à en avoir le goût et la couleur. Claude Guéant, dans le « Financial Times », ne promet pas encore du sang, de la sueur et des larmes aux Français dans les mois qui viennent, mais il annonce pour l'automne de nouvelles coupes budgétaires. « Nous devons faire plus, bien sûr. Beaucoup plus », affirme le secrétaire général de l'Élysée. Le cap demeure inchangé?: ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013 et « nous sommes déterminés à parvenir à cet objectif », assure Claude Guéant. Le résultat de l'équation à résoudre est donc connu, mais ce sont ses termes qui semblent évoluer.Pour faire revenir le déficit public dans les clous de Maastricht d'ici trois ans, François Fillon l'a bien rappelé à la mi-juin, il faut trouver 100 milliards d'euros d'économies. Sur ces 100 milliards, 35 sont censés provenir du rattrapage des rentrées fiscales lié au surcroît de croissance. Laquelle est attendue pour les années 2011 à 2013 à 2,5 % du PIB par les experts de Bercy. Et c'est bien là que le bât blesse. Christine Lagarde a reconnu dimanche qu'« on a pris une hypothèse de croissance qui est ambitieuse et peut-être un peu audacieuse ». Or, si comme le pense le FMI, la France a placé la barre trop haut et que la croissance n'est pas au niveau espéré par le gouvernement, les recettes fiscales ne seront pas aussi importantes que voulu. Un tour de vis supplémentaire sur les dépenses tout comme des hausses d'impôts nouvelles devront alors être décidés pour respecter le tableau de marche du redressement de nos finances publiques. À l'heure actuelle, en plus des 35 milliards d'euros liés à la croissance, le gouvernement parie sur 45 milliards d'euros de réduction des dépenses publiques. Ces coupes traduiraient à la fois la poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite - 100.000 agents de moins sur trois ans - le gel en valeur des dépenses de l'État (hors charges des intérêts de la dette et hors dépenses de pensions), la réduction de 10 % des dépenses d'intervention et de fonctionnement de l'État. Si des coupes dans les secondes - diminution du parc automobile des ministres, rationalisation des concours administratifs, économies dans la politique des achats... - sont plutôt populaires, le passage de la paille de fer au sein des premières est vraisemblablement plus complexe politiquement. La révision générale des politiques publiques a jusqu'ici soigneusement évité de s'attaquer à ce dossier épineux?: trancher dans la politique familiale ou réduire les dispositifs de soutien à l'emploi ou aux entreprises est moins aisé à vendre à l'opinion que l'interdiction faite aux ministres de cumuler salaire et retraite.L'autre moyen de tenir nos engagements de réduction des déficits est de jouer sur les ressources. Une hausse généralisée des impôts est encore écartée par les pouvoirs publics. Pour autant, entre la réforme des retraites et son volet recettes (taxation des hauts revenus, des stock-options...) et le coup de rabot annoncé sur les niches fiscales, le virage est bel et bien amorcé. Hausse d'impôts et coupes dans les dépenses?: n'est-ce pas la définition de la rigueur?? 
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