Moins de déficit pour l'État, plus pour la Sécu

finances publiquesLe gouvernement communique sur le sujet comme si tout cela était évident, dans le contexte actuel de sortie de crise : l'an prochain, le déficit budgétaire serait réduit ? de 10 à 15 milliards en moins ?, tandis que celui de la Sécurité sociale augmenterait presque d'autant. Un jeu de vases communicants qui n'en est pas un, et qui n'a pas vraiment de précédent. Lors des reprises de croissance antérieurs, l'ensemble des comptes publics enregistrait une certaine amélioration.Selon Éric Woerth, le déficit budgétaire passerait de 130 milliards d'euros cette année à 110 ou 115 milliards l'an prochain, soit un niveau encore « abyssal », aux dires des experts. Quant au déficit de la Sécurité sociale, il grimperait d'un niveau « d'à peu près 20 milliards d'euros en 2009 » jusqu'aux « alentours de 30 milliards en 2010 », toujours selon le ministre du Budget, interviewé par iTélé. En réalité, il risque fort de déraper jusqu'à 35 milliards.Ce jeu de bascule ne relève d'aucune logique économique. Les économistes font habituellement valoir qu'un déficit pour l'État peut relever d'une certaine cohérence en temps de crise, une bonne part de celui-ci correspondant à des investissements contribuant à la relance.En revanche, financer des prestations sociales par le déficit ne fait l'objet d'aucune justification théorique. Cela revient à faire payer les retraites ou les dépenses d'assurance-maladie, qui n'ont rien de dépenses d'investissement, par les générations à venir. D'où le cri d'alarme de Philippe Séguin, qui craint une explosion du système, en l'absence de hausse des cotisations sociales.La rationalité voudrait donc que soit d'abord réduit le déficit de la Sécurité sociale. C'est du reste ce qu'avait décidé le mentor de Nicolas Sarkozy alors jeune ministre, Édouard Balladur, en 1993, en relevant la CSG. Pour la première et unique fois, ce prélèvement fut augmenté dans la seule perspective d'apporter des recettes supplémentaires à la Sécu (les autres hausses étaient contrebalancées par une baisse des cotisations).Mais le gouvernement campe sur sa position : il n'est pas question d'augmenter la CSG, ont répété Roselyne Bachelot et Éric Woerth le week-end dernier. Des déclarations traduisant un parti pris politique de ne pas augmenter, à tout prix, les prélèvements obligatoires. I. B.
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