La dette grecque pourrait encore receler de mauvaises surprises

« Personne ne peut dire qu'il ne savait pas ! » Les déclarations outrées des derniers jours sur les montages de Goldman Sachs pour aider la Grèce à maquiller ses déficits agacent profondément les acteurs du marché de la dette souveraine. La chancelière allemande, Angela Merkel, jugeait récemment « scandaleux » que des banques aient participé à la « falsification des statistiques budgétaires de la Grèce » tandis que la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, s'est pour sa part interrogée sur la légalité de ces montages.Les acteurs du marché de la dette, à défaut de se tenir les côtes, dénoncent ce bal des hypocrites. « Si Merkel et Lagarde ne savaient pas, elles auraient dû, car ces montages étaient connus dans les milieux financiers », indique un analyste. Une position également défendue, même si c'est moins surprenant, par le gouvernement de Georges Papandréou. « La Commission européenne avait le devoir de savoir, de faire ses contrôles, et ma conviction est clairement qu'elle connaissait les données », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Georges Pétalotis. Goldman Sachs a reconnu publiquement que ces opérations auraient pu être « plus transparentes » tout en soulignant qu'elles n'avaient rien « d'inappropri頻. La banque américaine a pourtant participé à la création, en février 2009, d'un nouveau « special purpose vehicle (SPV) basé à Londres portant le nom de Titlos PLC avec l'aide de la National Bank of Greece (NBG). Ce véhicule de titrisation, dont le prospectus a disparu du site de la banque, a servi de gage à des emprunts auprès de la Banque centrale européenne (BCE). L'objectif était alors d'offrir un produit présentable que la BCE pouvait prendre en pension pour profiter de sa politique d'injection de liquidités dans le secteur bancaire.scénario catastrophe Le 29 février, les 5,5 milliards d'euros d'obligations à échéance 2037 - notées A1 par l'agence de notation Moody's - émis par Titlos PLC sont rachetés par la banque NBG. Les obligations ont depuis été dégradées à A2 par Moody's, seule agence à les noter. Or, Moody's pourrait à nouveau les dégrader, ce qui pourrait déboucher sur une crise de liquidité de même nature que celle qui aurait emporté AIG si le Trésor américain n'avait pas volé à son secours. « Si la note de NBG, qui sert de collatéral à l'emprunt de la Grèce, devait encore être dégradée, la Grèce pourrait obliger de dénouer l'ensemble de l'opération et être forcée de débourser 5,5 milliards de dollars, explique un acteur du marché. Ce scénario catastrophe n'est pas écrit mais il ne peut être écarté, compte tenu des tensions actuelles. » La Grèce, qui dispose d'une dizaine de milliards d'euros de trésorerie, selon Credit Suisse, serait alors en grande difficulté.Xavier Harel Angela Merkel, « scandalisée » par la « falsification des statistiques budgétaires de la Grèce » par certaines banques.
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