Turner et ses peintres

De lui on connaît surtout des paysages indéfinis souvent noyés dans une sorte de brume. Une peinture d'évanouissement dans laquelle toute chose semble vouloir disparaître. Des oeuvres de la fin de carrière du peintre anglais Turner. Ne retenir que cette période c'est ignorer tout ce qui a précédé, une plongée au coeur même de la peinture avec des maîtres français comme Poussin et Le Lorrain. à la royal academy à 14 ansL'artiste fut prolixe, avec quelque 300 toiles et 3.000 aquarelles et, surtout, précoce. À 14 ans il entre à la Royal Academy. Son père, barbier à Covent Garden, qui a remarqué ses dons et expose ses premiers dessins dans la vitrine de sa boutique, l'encourage. Turner excelle dans l'aquarelle, un art qu'il prolongera dans sa peinture et en fera un artiste à part. « L'indéfinissable est mon fort », dit-il. Mais auparavant, il s'essaie à reproduire les peintres qu'il admire, comme Wilson, avec des paysages italianisants baignés d'une lumière mordorée, au coeur même d'une véritable intensité théâtrale. Il en reproduit tous les poncifs, tout en affirmant un style propre.À la fin du XVIIIe siècle, il n'existe pas de musée en Angleterre. Les grandes toiles, Turner les découvre dans les collections de l'aristocratie. Il voyage alors dans toute l'Angleterre.C'est ainsi qu'il va être subjugué par Le Lorrain et Poussin. Alors Turner reprend leurs grands tableaux presque à l'identique, en imprimant toutefois cette touche délétère qui fera sa marque. De toute façon, il n'a jamais peint et ne peindra jamais sur le motif. Il croque la nature, les paysages, et c'est dans son atelier qu'il les reproduit sur toile. Pour se conforter dans ses choix, Turner va voyager en France et en Italie. Il s'approprie Véronèse, Rembrandt et Rubens. Il met en scène ses compositions. Un de ses tableaux les plus touchants est sa « Jessica » qui rend un hommage sensuel à Rembrandt. Abandonnant les couleurs sombres d'une intensité souvent dramatique du peintre du Nord, Turner évolue dans une touche légère, une matière transparente et lumineuse qui rend au personnage toute sa volupté et sa réserve.une abstraction évidenteCette exposition en miroir de presque une centaine d'oeuvres de Turner et ses peintres montre à quel point il a su s'approprier la beauté et l'art au plus profond de sa réflexion et pousser sa peinture, dans sa maturité, vers une sorte d'abstraction qui donnera naissance à Monet et à l'art moderne. n Galeries nationales du Grand Palais, square Jean-Perrin, Paris 8e. Tél. : 01.44.13.17.17. Jusqu'au 24 mai.
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