Aidons les PME françaises du numérique à s'exporter

Les temps, économiques notamment, sont durs. La crise est toujours là, la croissance est en berne pour ne pas dire pire, le chômage au plus haut et notre solde commercial n\'offre pas de perspectives plus réjouissantes. Plutôt que de céder à la faciliter de l\'abattement et du défaitisme, c\'est dans ces périodes difficiles qu\'il est plus que nécessaire de sonner la mobilisation générale, de fédérer les énergies et de jouer collectif pour faire mentir ces grands patrons étrangers qui méprisent nos entreprises et nos salariés.Face à cette situation dégradée, le gouvernement semble vouloir faire feu de tout bois. Les annoncent s\'enchaînent pour doper la compétitivité de nos entreprises, pour retrouver des horizons plus sereins en matière d\'exportation, pour relancer les embauches.... et la prochaine feuille de route gouvernementale pour le numérique devrait compléter très prochainement le tableau.Alors qu\'il est de bon ton dans les milieux entrepreneuriaux de dégoiser sur les initiatives gouvernementales dans ce domaine, c\'est à dessein que je souhaite adopter ici une position tout autre : celle d\'un PDG d\'une PME numérique, prêt à partir à la conquête du monde, pourvu qu\'on l\'y aide un peu. Je rassure immédiatement, il ne s\'agit pas de demander, en ces temps de disette, un déversement de deniers publics. Il s\'agit de faire des propositions opérationnelles, àfort effet de levier et peu mobilisatrices de fonds publics. Pour rester dans le domaine du raisonnable, je me limiterai à trois.Contre toute idée reçue, il faut avoir conscience que pour se projeter à l\'international les PME numériques ont des besoins, somme toute, très élémentaires à satisfaire : avoir accès à des locaux peu onéreux, pouvoir disposer de ressources humaines hautement qualifiées, motivées et dynamiques et bénéficier d\'un soutien qui sécurise la prise de risque.Pour régler la question des locaux et de l\'hébergement des PME, je propose que soit créé un réseau international d\'incubateurs dans les régions du globe « où  se construit le futur » qui aurait une double vocation: accueillir les PME numériques exportatrices et constituer la vitrine de l\'excellence du « made in France » numérique. Si la Suisse a réussi à le faire avec son réseau Swissnex, je suis persuadé que notre pays peut aussi y arriver.Ce réseau, qui pourrait s\'appeler #FRANCE_Innov, irait de San Francisco à Singapour en passant par Boston, Montréal, São Paulo, Bangalore, le Vietnam, Pékin, Shanghai, et Hong-Kong. Sa constitution doit se faire, via un système de labellisation, en se basant sur des structures ou des organismes français déjà présents à l\'étranger.Il y a bien entendu notre réseau diplomatique mais il faut également y inclure les implantations à l\'étranger des collectivités locales et de nos grandes écoles. En ce qui concerne les besoins en compétences, le dispositif des Volontaires Internationaux en Entreprises (VIE) porté par Ubifrance est a priori particulièrement adapté aux besoins des PME numériques. Cependant, dans certains pays, les conditions requises pour la délivrance des visas limitent fortement l\'accès à ce programme pour les PME numériques alors même que ces conditions restrictives sont parfois imposées par les structures françaises chargées de superviser la délivrance des visas sans que cela ne corresponde à une demande spécifique des autorités du pays d\'accueil.C\'est le cas aux USA, pays qui demeure leader dans le domaine des technologies de l\'information et de la communication, et où pourtant le nombre de VIE est anormalement faible. Ma deuxième proposition consiste donc à homogénéiser les conditions de recours aux VIE dans l\'ensemble des pays. Dans des phases initiales d\'implantation à l\'étranger, les PME numériques devraient pouvoir envoyer deux VIE sans avoir d\'autre salarié dans le pays de prospection. Il est par ailleurs nécessaire d\'inciter les candidats étudiants à privilégier les PME pour leur VIE. J\'ajoute que le réseau d\'incubateurs constituerait la structure d\'accueil« naturelle » de ces VIE.Pour l\'accompagnement de la prise de risque à l\'export, les dispositifs foisonnent. Un première axe d\'amélioration pourrait être d\'en simplifier l\'accès avec la création d\'un véritable guichet unique incluant les dispositifs des collectivités locales. Dans ce domaine, la Banque Publique d\'Investissement devrait, à mon sens, jouer un rôle central. Mais je crois surtout qu\'il est nécessaire de faire le tri dans le maquis des dispositifs de soutien. La création d\'un véritable « Crédit d\'Impôt Export » qui se substituerait à plusieurs d\'entre eux constitue certainement une piste. Son régime devrait être calqué sur celui du « Crédit Impôt Recherche ».Cependant, à la différence du CIR, le CIE serait exclusivement réservé aux PME. Après avoir fait ces trois propositions, je crois qu\'il est temps, en guise de conclusion, de passer aux « travaux pratiques ». En mettant en oeuvre les trois mesures que je propose, le coût total de la création d\'un bureau à l\'étranger avec deux VIE tomberait autour 40 000 euros par an. L\'effet de levier est manifeste !Surtout si on considère qu\'il ne devrait pas être trop difficile de mobiliser, sur les deux prochaines années, 500 nouvelles PME numériques exportatrices. Et ainsi, l\'ambition du gouvernement, de faire du numérique l\'un des 4 leviers de la reconquête du commerce extérieur, deviendrait accessible !
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.