L'essoufflement de la reprise des Seize pénalise l'euro

Épée de Damoclès sur la Grèce, prévisions de croissance anémique, chute de la confiance économique, tout se ligue contre l'euro. La monnaie unique des Seize est ainsi venue tutoyer le point bas de neuf mois face au dollar touché le 18 février à 1,3444, tout en dérivant à son plus faible cours depuis un an par rapport au yen, à 119,75. C'est une avalanche de mauvaises nouvelles qui s'est en effet abattue sur la zone euro depuis mercredi soir. D'abord, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's, qui a placé la Grèce sous surveillance négative, a menacé de dégrader à nouveau d'un cran, voire de deux, sa note souveraine BBB+ d'ici à un mois, tandis que jeudi sa concurrente Moody's mettait elle aussi en garde contre un possible abaissement. Ensuite, la nouvelle mouture des prévisions de la Commission européenne prend acte de l'atonie de la reprise dans la zone euro. La croissance du PIB se limiterait à 0,7 % sur l'ensemble de 2010, après la pire contraction (? 4 %) de l'histoire de l'Union monétaire en 2009. Pas étonnant, dans ces conditions, que la confiance des chefs d'entreprise et des ménages ait enregistré en février son premier recul depuis onze mois, selon le baromètre de la Commission européenne qui s'est établi à 95,9 contre 96 en janvier. Dernier signal inquiétant : les crédits au secteur privé dans la zone euro ont reculé beaucoup plus fort qu'anticipé, de 0,6 % en rythme annualisé en janvier, après une baisse de 0,1 % en décembre, selon les chiffres de la Banque centrale européenne (BCE). De quoi aggraver les inquiétudes sur une pénurie de crédit de nature à entraver une croissance déjà laborieuse. La BCE constate en effet que si l'augmentation des prêts des banques aux particuliers se confirme, les crédits accordés aux entreprises se sont encore réduits, avec un recul de 2,7 % sur un an. Même si c'est en partie la conséquence du gel des programmes d'investissements, de nombreuses entreprises risquent d'être dans l'incapacité d'obtenir les crédits dont elles auront besoin dès lors qu'il leur faudra renouveler leurs équipements. La conséquence saute aux yeux : la BCE va devoir soutenir encore longtemps l'économie.Même si lors du deuxième volet de son audition semestrielle devant le Congrès, qui se déroulait jeudi au Sénat, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a, à nouveau, estimé que la reprise naissante justifiait le maintien de taux bas pendant une période prolongée, le marché a bien davantage confiance dans le redressement des États-Unis que dans celui de l'Europe. Et il vote pour le dollar contre l'euro.
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