La France veut réviser l'accord de Schengen

Après s'être mutuellement accusés, ces dernières semaines, de violer « l'esprit de Schengen », Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi vont finalement lancer ensemble, ce mardi à Rome, un appel pour réformer l'accord de libre-circulation signé en 1985. Paris veut disposer de plus de marge de manoeuvre pour rétablir des contrôles aux frontières en cas de besoin. Après avoir provoqué la surprise à Bruxelles en indiquant vendredi qu'elle réfléchissait à la manière de permettre une suspension provisoire de Schengen, la France a rectifié le tir dimanche, par la voix d'Henri Guaino, en annonçant vouloir « revoir les clauses de sauvegarde dans des situations particulières ».Actuellement, Schengen permet seulement le rétablissement temporaire des contrôles aux frontières « pour une période limitée » et en cas de menace grave, « lorsque l'ordre public ou la sécurité nationale l'exigent ». Cette disposition a déjà été utilisée pour empêcher des mouvements de hooligans, lors de grandes rencontres sportives internationales par exemple.Mais face à l'afflux de 24.000 Tunisiens auxquels l'Italie avait délivré des permis de séjour, Claude Guéant n'a pas pu l'activer. Considérant la gouvernance actuelle de Schengen « déficiente », la France veut donc pouvoir « rétablir de manière ponctuelle des contrôles » intérieurs lorsqu'une frontière extérieure ne fonctionne pas. La France réclame aussi le renforcement de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières.Pour l'heure, la Commission ne souhaite pas commenter cette initiative franco-italienne qui constituerait un pas en arrière pour l'esprit de Schengen de la libre-circulation européenne. Bruxelles planche malgré tout depuis plusieurs mois sur un mécanisme qui permettrait de reculer les frontières extérieures de Schengen dans le cas de « dysfonctionnements » dans un État. Cela pourrait comprendre les flux migratoires. La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, doit présenter des propositions dans ce sens le 4 mai en vue d'une réunion extraordinaire, le 12 mai à Bruxelles, des ministres européens de l'Intérieur.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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