Éclaircie de courte durée pour les émetteurs de cartes

Une hirondelle ne fait pas le printemps. American Express, l'un des deux géants du secteur aux États-Unis, a multiplié par dix son bénéfice à 1 milliard de dollars au deuxième trimestre. Son concurrent Capital One a dégagé quant à lui 608 millions de dollars après une perte de 277 millions de dollars l'an passé. Les spécialistes du crédit à la consommation ont bénéficié d'une baisse des taux de défauts de paiement. En conséquence, leurs provisions pour risque de crédit qui les avaient tant plombés en 2009, ont reculé. Mais malgré ce retour de bonnes performances, les responsables du secteur restent pessimistes. « Nous restons prudents au sujet de l'économie et d'un environnement réglementaire difficile », a déclaré le PDG d'Amex Kenneth Chenault. Car la conjoncture économique ne s'améliore pas aussi vite que ce qui était prévu il y a encore six mois. Le gouverneur de la Réserve fédérale Ben Bernanke a reconnu mercredi dernier que les créations d'emplois aux Etats-Unis étaient « insuffisantes » pour faire baisser le chômage. Dans ce contexte, la consommation et les crédits associés demeureront encore déprimés pendant quelques temps.En plus de l'effet conjoncturel, les banques et émetteurs de cartes de crédit s'inquiètent des conséquences néfastes de l'évolution de la réglementation. La réforme financière du président Barack Obama a accouché de sévères décisions à l'encontre des banques et des spécialistes du secteur. Le chapitre concernant les cartes de crédit, le « Card Act », limite notamment les commissions ainsi que les pénalités pour les clients en difficulté de paiement. L'amendement du sénateur Dick Durbin prévoit le plafonnement des taux d'intérêt pour les cartes déjà émises. Toutes ces mesures sont destinées à protéger le consommateur.Du coup, les banques américaines voient leur capacité à générer des revenus s'amoindrir sous l'effet de la réforme. Le directeur financier de Citigroup a estimé il y a deux semaines que la « Card Act » amputerait les revenus entre 400 et 600 millions de dollars pour 2010. Bank of America estime de son côté que cette réforme du secteur l'obligerait à passer entre 7 et 10 milliards de dollars de dépréciations sur la valorisation de son portefeuille. Quoi qu'il en soit, l'impact sera violent. Mais pour le moment, l es acteurs ne voient pas encore très clair.au pire momentLe PDG de JP Morgan Jamie Dimon, très écouté à Wall Street, est resté très pessimiste en soulignant qu'il était « trop tôt pour dire » ce qu'il attendait de l'amélioration du métier des cartes de crédit. Lui aussi dans le flou, le patron de Citigroup Vikram Pandit a déclaré qu' « il y a encore beaucoup de détails que nous devons examiner et l'impact final ne sera pas clair tant que nous ne les connaîtrons pas ». La morosité des cartes de crédit arrive au pire moment pour les banques américaines. Après une année 2009 record grâce à leurs activités de marché, celles-ci plongent aussi sous l'effet de la conjoncture économique et du durcissement de la réglementation. Les marchés et la consommation en berne, les banques américaines sont privées de leurs deux mamelles.
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