Rigueur ou relance ? : l'Europe et les États-Unis divisés

Ce pourrait être l'autre feuilleton de l'été, moins glamour que la saga familiale des Bettencourt, mais lourd d'enjeux pour la croissance mondiale?: faut-il d'urgence remettre de l'ordre dans les finances des États, exsangues après plus d'un an de lutte contre la crise, ou au contraire accorder la priorité aux mesures de soutien à l'activité?? La polémique, qui oppose l'Europe et les États-Unis, vient une nouvelle fois de rebondir avec les vigoureuses déclarations de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, grand défenseur de l'assainissement budgétaire, en réaction aux propos de Ben Bernanke, le patron de la Fed. « Il ne fait guère de doute que le besoin d'appliquer une stratégie de consolidation budgétaire crédible à moyen terme vaille maintenant pour tous les pays », a martelé Jean-Claude Trichet, vendredi dans une tribune parue dans le « Financial Times ». Faute de quoi la confiance des marchés serait en jeu, car « la dégradation budgétaire que nous connaissons est sans précédent tant par son ampleur que par son étendue géographique ».pas de vision communeEn avril, la crise grecque, qui a profondément ébranlé la zone euro, a rappelé que les États ne pouvaient indéfiniment puiser dans leurs caisses, fût-ce pour sauver la croissance. Le même mois, au FMI, les grands argentiers ne sont pas parvenus à résoudre ce qui prenait la forme d'un dilemme entre rigueur et croissance. Un dilemme que n'ont pas su arbitrer non plus les chefs d'État et de gouvernement lors du sommet du G20 à Toronto en juin. Mercredi, Ben Bernanke a enfoncé le clou devant le Congrès?: « A court terme, je dirais que nous devons maintenir un degré raisonnable de soutien budgétaire », a-t-il réaffirmé.Certes, la fragilité de la reprise inquiète les États-Unis. Mais les perspectives de croissance y restent plus rassurantes que sur le Vieux Continent. La Maison-Blanche pense pouvoir gérer dans le temps son endettement. Mais le FMI prévoit que la dette brute américaine dépassera 100 % du PIB en 2015, après 92,6 % cette année. Pour la zone euro, la dette représentera 84,1 % du PIB en 2010, avant 94,9 % en 2015, mais quelques États membres affichent déjà une dette supérieure à 100 % du PIB.Au-delà des statistiques, « ce sont deux visions du capitalisme qui s'opposent », commente Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Il redoute que les marchés « se remettent bientôt à douter de la détermination des pays européens à assainir leurs finances ». L'attitude frondeuse de la Hongrie vis-à-vis du FMI pourrait-elle faire office de déclencheur??
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