La centrale d'achat de Go Sport agace ses fournisseurs

Le microcosme français des marques de sport ne parle que de ces quatre lettres, ISRD. Créée fin 2009, dans la zone aéroportuaire de Genève, International Sports Retail Development (ISRD), société détenue à parité par Go Sport et Sport 2000, gère les achats des deux enseignes auprès des grandes marques internationales. Entre 350 et 400 millions d'euros d'achats devraient passer dans ses comptes en 2010. Ensemble, les deux chaînes veulent négocier de meilleures conditions de prix auprès des Nike, Adidas et autres Puma. « Cinquante-sept marques travaillent déjà avec ISRD. Les contrats définitifs seront signés dans les semaines qui viennent », a assuré vendredi Dénes Almasy de Zsadany, directeur financier de Go Sport en présentant ses résultats semestriels. Méthodes « grande distrib' »En fait, selon nos informations, tout ne se passe pas comme prévu. Les méthodes « grande distrib' » de ISRD agacent. « Ce n'est pas une structure d'achat, mais de centralisation des conditions d'achat », s'emporte un fournisseur. En clair, ISRD parle marge arrière. Elle va facturer des prestations de services à ses fournisseurs, à la manière dont un Carrefour procède avec un Danone ou un Unilever. Du jamais-vu dans le monde du sport. « Il n'y a là aucun intérêt fiscal. La rémunération d'ISRD couvre ses frais de structure », corrige Dénes Almasy de Zsadany. Plusieurs marques boudent cette structure et négocient en direct avec Sport 2000, puis Go Sport. Parmi elles, figurerait un poids lourd : Nike. Selon nos informations, fin juin, le futur sponsor de l'Équipe de France aurait menacé Sport 2000 de ne pas présenter le nouveau maillot des Bleus aux adhérents du groupement lors de ses journées d'achat pour le printemps-été 2011. Nike n'a pas souhaité commenter. Contacté par « La Tribune », Sport 2000 n'a pas répondu à notre appel. Un accord aurait été finalement conclu entre Nike et Sport 2000, en solo sans ISRD. Ce clash tombe mal. Go Sport mise beaucoup sur les grandes marques pour relancer ses 126 magasins et les rénover. Or, François Neukirch, directeur général, semble avoir enfin trouvé la bonne formule. Au premier semestre, un nouveau concept a été adopté dans 29 magasins, mobilisant 12,5 millions d'euros d'investissement. Les ventes y ont bondi de 15 %, grâce à des corners où les marques sont des stars. « Go Sport est dépoussiér頻, s'emballe un fournisseur. Mais le groupe n'a pas les moyens de financer seul ce lourd chantier. Ses pertes nettes se sont creusées au premier semestre, à 15,2 millions d'euros pour 310,7 millions de chiffre d'affaires (? 8,2 %). Au 30 juin, sa dette nette (68,7 millions) équivaut au montant de ses fonds propres. Juliette Garnie
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