Les banques espagnoles plombées par l'immobilier

La taille de l'économie espagnole est telle qu'un défaut du pays constituerait une catastrophe pour la zone euro. Mais qu'en est-il de la taille de son risque bancaire ? Sachant que si la dette publique reste supportable, à 65 % du PIB, les agents privés y sont très endettés. Selon l'étude de la Banque d'Espagne publiée en octobre, le risque immobilier reste très significatif pour les banques espagnoles. Les créances potentiellement douteuses sur le secteur de la construction et de la promotion immobilière avoisinaient à fin juin 2010 40 % des encours. Or les banques détenaient 110 milliards de créances douteuses sur ce secteur, lesquelles ont été provisionnées à hauteur de 32 milliards. Reste donc 78 milliards. Quant aux 70 milliards d'actifs immobiliers saisis par les banques, ils ont été provisionnés en moyenne à hauteur de 23 % mais à 30 % par la prudente Santander. Si l'on applique ce taux au secteur, il lui faudra 5 milliards de provisions supplémentaires. Reste, sur l'immobilier, la grande inconnue, à savoir la qualité du crédit hypothécaire : la banque d'Espagne affiche un taux de créances douteuses très conservateur, de 2,6 % sur les 660 milliards d'encours à fin juin. Pour l'instant, les ménages ont été aidés par la faiblesse des taux hypothécaires. Mais qu'en sera-t-il si la croissance étant très faible, les prix continuent de chuter et que, dans le même temps, les taux remontent ?Enfin, à ce risque s'ajoute pour les banques ibériques - exposées à hauteur de 203 milliards sur la dette publique de l'Espagne et 6,5 milliards sur celle du Portugal - le risque d'une dégradation de la crise souveraine, si ces deux pays ne parvenaient pas à se refinancer en 2011. Sachant que des tensions de cette nature ne manqueraient pas de se répercuter sur leurs propres capacités à se refinancer. Le risque bancaire espagnol apparaît donc encore important à l'aune des fonds propres du secteur qui s'élevaient à la fin juin à 282 milliards d'euros. Aussi, estime Gilles de Bourrousse chez Octofinances, « alors que les caisses d'épargne régionales concentrent pour l'instant l'essentiel des risques immobiliers, il y a de fortes chances pour que leur recapitalisation, aujourd'hui en cours à hauteur de 10 milliards, soit insuffisante ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.