L'Australie entend garder le contrôle de son agriculture

« Il est urgent de vérifier que ces investissements respectent l'intérêt national du pays »Inquiète de se voir déposséder de ses meilleures terres agricoles, l'Australie a décidé de mener l'enquête. « La procédure a pour but de déterminer le niveau exact des investissements étrangers dans notre agriculture », a déclaré le 22 novembre, Bill Shorten, vice-ministre fédéral des finances, après avoir annoncé l'ouverture d'une série d'études sur le sujet. Plus de 170.000 fermes vont être examinées tout au long de l'année 2011, « afin de savoir si les préoccupations du secteur sont fondées et si la sécurité alimentaire du pays est en danger », a ajouté Joe Ludwig, le ministre fédéral de l'agriculture. L'annonce du gouvernement intervient alors que les opérations d'acquisitions menées par des compagnies et des fonds souverains étrangers se sont multipliées ces derniers mois en Australie. Poussés par les besoins alimentaires présents et futurs de leurs populations, de nombreux pays d'Asie et du Moyen-Orient saisissent toutes les opportunités qui se présentent pour s'emparer à coup de millions de pans entiers du secteur agricole australien. Selon un document de la Fédération national des Agriculteurs (NFF), les investisseurs, majoritairement chinois, sud-coréens, qataris, saoudiens ou singapouriens, auraient dépensé plus de 6,5 milliards d'euros ces deux dernières années pour s'emparer de terre agricoles australiennes, « soit un montant dix fois plus élevé que par le passé sur une période identique », constate l'étude. secteur performantUn mouvement identique a également été constaté dans l'agro- industrie puisqu'en quelques mois, Golden Circle et SPC (fruit), CSR (sucre), Dairy Farmers (produits laitiers) et AWB (blé) sont tous passés sous contrôle étranger, en attendant peut-être SunRice (riz), dans le collimateur de l'espagnol Ebro qui vient de faire une offre de 450 millions d'euros. « Il est donc urgent de vérifier que de tels investissements respectent l'intérêt national du pays », demande Jock Laurie, le président de la NFF, soulagé de voir Canberra passer enfin à l'action. « Quel est l'intérêt du pays à se voir évincer de ses terres et d'un secteur industriel performant, quand dans le même temps, le reste de la planète cherche à assurer son approvisionnement en produits agricoles ? », s'interroge Doug Chant, représentant des fermiers du Victoria. L'agriculture australienne représente chaque année 12 % de l'économie du pays. Olivier Caslin
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