L'éditorial de Pierre-Angel Gay : Identité agricole

C'est Nicolas Sarkozy qui a fait le lien. Fin octobre, à Poligny, dans le Jura, le président de la République avait relié le débat sur l'identité nationale au lien charnel de la France avec son agriculture, avec sa terre. Le chef de l'État avait raison. Les deux vont mal. L'identité, comme l'ont encore montré les polémiques nauséabondes sur les vrais-faux démêlés judiciaires de la tête de liste socialiste dans le Val-d'Oise, Ali Soumaré. Et le monde paysan, dont l'ouverture du Salon de l'agriculture, samedi, porte de Versailles à Paris, va remettre en lumière les difficultés quasi existentielles. Quelle profession pourrait, même après quelques années de vaches grasses, accepter une baisse de ses revenus, subventions incluses, de moitié en deux ans (- 32 % en 2009, après - 20 % en 2008) ? Salariés et fonctionnaires seraient dans la rue pour beaucoup moins que ça. Bruno Le Maire, le jeune ministre de l'Agriculture, prône pour remédier à ses difficultés une véritable révolution copernicienne. Il appelle à l'abandon du « dogmatisme ultralibéral », à la fin du « marché sans contrôle », à la « voie de la régulation » pour stabiliser le revenu des agriculteurs et répondre aux deux grandes exigences des temps présents, le développement durable et la sécurité sanitaire des aliments. Des mots forts, des mots qui détonnent, des mots qui font écho aux propos de Christian Estrosi et au retour d'une politique industrielle plus active. Dans les faits, pourtant, Bruno Le Maire se fixe des objectifs plus modestes. Plus réalistes aussi, tant pour son volet européen que pour son versant national. Côté européen, le ministre de l'Agriculture plaide pour un réaménagement de la politique agricole commune, la PAC, favorisant une stabilisation des revenus des agriculteurs : l'instauration d'aides dont le montant évoluerait à l'inverse des cours mondiaux. Côté national, il encourage les agriculteurs à se regrouper pour contrebalancer la toute-puissance de la grande distribution. Ce n'est pas le grand soir, mais ce serait un immense changement. S'il réussit, Bruno Le Maire redonnera de l'air aux campagnes. Un premier pas vers la refondation de leur identité.
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