Le regard politique d'Hélène Fontanaud

Les Français votent dans deux semaines pour renouveler leurs conseils régionaux, détenus à une écrasante majorité par la gauche depuis la « vague rose » de 2004. Mais la campagne peine à décoller. Elle ne trouve pas ses marques. Partie pour être nationale, lancée avec force par Nicolas Sarkozy fin novembre, elle a très vite été régionalisée par les ténors de l'UMP, envoyés à l'assaut des régions socialistes. Et celui que les responsables de la majorité veulent voir à leurs côtés dans les meetings, ce n'est plus le chef de l'Etat, qui traverse une très mauvaise passe dans les sondages, mais le Premier ministre, François Fillon, intronisé chef d'une guerre que les sondages prédisent sanglante pour l'UMP.HomonymeEt de quoi parle-t-on dans cette campagne ? De tout sauf des enjeux régionaux. Politiques de transports, de logement, d'emploi, révolution écologique ? Circulez, il n'y a rien à voir. Ou presque. Même la sécurité, thème cher au coeur de l'UMP, « n'imprime pas ». Les injures volent bas et les coups bas ne volent pas haut. C'est un élu UMP qui parle de « dictature du prolétariat » et de « nazisme » en Poitou-Charentes, c'est un élu socialiste qui parle des jeunes UMP comme des « jeunesses hitlériennes ». C'est un candidat PS du Val-d'Oise à qui l'UMP d'Ile-de-France reproche un passé de délinquant « multirécidiviste » avant de s'apercevoir qu'une partie des faits concernaient en fait un homonyme. On tue le match ?Des responsables du Parti socialiste accusent la droite de vouloir « tuer le match », et même de privilégier une forte abstention. Pour François Hollande, maître d'oeuvre de la victoire du PS en 2004, le scrutin des 14 et 21 mars est pourtant bien celui « du jugement, de la sanction » du gouvernement, à plus de la moitié du mandat de Nicolas Sarkozy. A droite, on répond que la gauche évite elle aussi les enjeux de fond, pour ne pas être « prise en défaut » sur son bilan à la tête de vingt exécutifs régionaux sur vingt-deux en métropole. Si on reproche Ali Soumaré à l'UMP en Ile-de-France, la majorité répond Georges Frêche. Et il est vrai que le feuilleton sur l'ultra-dérapant président de Languedoc-Roussillon occupe davantage de temps de parole au PS que les chantiers photovoltaïques ou les aides à l'emploi.Tous les responsables des partis sont d'accord au moins sur une chose : faire porter à la presse, aux nouveaux médias intrusifs que sont Twitter ou les sites Internet une bonne part de la responsabilité de cette dégradation du climat politique... Voire. Je garde en mémoire cette règle d'or édictée par Catherine Nay : « On tombe toujours du côté où on penche. » Il ne reste plus que quinze jours pour rétablir un équilibre.
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