Le nouveau ministre Georges Tron affole les énarques

Après-midi mouvementée, hier vendredi, dans les locaux de l'ENA à Strasbourg. La direction de l'école y organisait le traditionnel « amphi de sortie » durant lesquels les 80 élèves de la promotion sortante, qui répond au nom d'Emile Zola, ont choisi leur affectation en fonction de leur rang de sortie. A la différence des années précédentes, le ou plus exactement la major a jeté son dévolu sur l'Inspection générale des finances plutôt que sur le Conseil d'Etat ou la Cour des comptes. Mais ce rituel en vigueur depuis la création de l'école à la Libération aura bientôt vécu : les élèves de la promotion Jean-Jacques Rousseau qui ont intégré l'ENA en janvier pour 24 mois ne seront pas classés à leur sortie. En vertu d'une réforme de la scolarité adoptée l'an dernier par le gouvernement, ils seront recrutés directement par les différents corps de l'Etat au terme d'une procédure qui s'apparente à la « chasse de tête » en vigueur dans le privé. Mauvaises languesMais hier, la réforme de l'ENA n'était pas vraiment le sujet principal de conversation. Les responsables de l'école étaient visiblement plus inquiets du choix de Georges Tron comme nouveau secrétaire d'Etat à la fonction publique. Lorsqu'il était député UMP de l'Essonne, ce villepiniste, auparavant passé chez Edouard Balladur à Matignon n'a, en effet, jamais ménagé l'ENA, en particulier dans les rapports qu'il a signé au nom de la commission des finances de l'Assemblée dont il était membre. Celui par exemple qu'il a publié en octobre donne le ton : « tout se passe comme si la gestion par la performance n'était pas enseignée ni pratiquée à l'Ecole nationale d'administration », y écrit-il. Et d'ajouter : « Les indicateurs de performance sont défaillants : c'est ainsi que le coût d'un élève est mesuré sans tenir compte des dépenses d'investissement. Cette année, la dotation versée par l'Etat doit augmenter de 35,7 à 36,1 millions d'euros : ainsi l'ENA n'aura pas réussi à financer sa réforme par les économies résultant de la réduction de 27 à 24 mois de la durée de scolarité ». Les mauvaises langues pourront toujours affirmer que Tron fait un complexe vis-à-vis d'une école où il n'est jamais entré, lui qui n'a qu'une maîtrise de droit.RetardsLe premier contact entre le nouveau secrétaire d'Etat et les responsables de l'école s'annonce donc tendu. D'autant que la nomination de Georges Tron intervient au moment où la réforme de l'ENA semble patiner. La mise en place d'une nouvelle procédure de sortie remplaçant le bon vieux classement, considéré comme trop favorable aux grand corps et ne permettant pas de satisfaire les besoins réels des administrations, prend du retard. La réforme présentée en avril 2009 prévoit que chaque administration ou grand corps, comme par exemple l'Inspection des finances, doit rendre publics des « profils de poste à pourvoir » afin que les jeunes énarques puissent « candidater » pour ceux qui les intéressent le plus. A charge pour chaque « employeur » de sélectionner les candidats selon ses propres critères. Un comité présidé par Jean-Cyril Spinetta, ex-président d'Air France et lui-même ancien énarque, est censé veiller à la régularité de cette procédure. Sauf que le comité n'a toujours pas vu le jour faute de décret d'application toujours pas publié. Officiellement, le Conseil d'Etat tiquerait sur la nouvelle procédure. Georges Tron ne va-t-il pas vouloir utiliser ce retard pour mettre sa patte à la réforme inachevée de l'ENA ?
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