Nortel liquide son portefeuille de brevets

Entamé il y a un peu plus d'un an, le démantèlement de Nortel touche quasiment à sa fin. L'équipementier en télécommunications canadien, sous la protection de la loi sur les faillites, doit recevoir dans les prochains jours les offres de rachat de son portefeuille de brevets, ses derniers joyaux à vendre.Selon des analystes interrogés par Bloomberg, le groupe pourrait récupérer jusqu'à 1,1 milliard de dollars (900 millions d'euros environ) pour ses 4.489 brevets et 963 applications protégées. La valeur minimale est estimée à 750 millions de dollars. Un portefeuille conséquent, dont la vente ne se présente pas tous les jours, et qui pourrait donc intéresser plusieurs groupes, et principalement le groupe canadien Research in Motion (RIM), le fabricant du BlackBerry.A l'automne dernier, lors de la reprise par le suédois Ericsson des actifs de Nortel dans les réseaux mobiles, Mike Lazaridis, le président de RIM, s'était inquiété du sort des brevets de son compatriote et du risque de fuite de savoir à l'étranger. Le dirigeant du fabricant de smartphones avait même qualifié de «trésor national» les brevets de Nortel dans le LTE (Long term evolution), la prochaine technologie de téléphonie mobile à très haut débit, déjà en cours de déploiement aux Etats-Unis.Redressement judiciaireLes analystes soulignent que de nombreuses innovations de RIM utilisent des technologies brevetées par Nortel. D'où l'intérêt pour le fabricant du BlackBerry de sécuriser l'accès à ces données. En plus de RIM, Ericsson et l'américain Cisco sont également cités comme des candidats potentiels au rachat du portefeuille de Nortel. Contactés par Bloomberg, les trois groupes n'ont pas souhaité faire de commentaire.En avril, Nortel a obtenu une extension de la durée de son redressement judiciaire jusqu'au mois de juillet 2010, le temps de solder dans les meilleures conditions la cession de ses actifs. Le milliard de dollars récupéré grâce à la vente du portefeuille de brevets s'ajouterait aux 2,8 milliards de dollars perçus grâce à la cession de ses actifs dans les réseaux mobiles à Ericsson, dans l'ethernet à l'américain Ciena, spécialisé dans les réseaux de fibre optique, et dans les réseaux ferroviaires (GSM/R) à l'autrichien Kapsch.Mais cette somme risque d'être malgré tout insuffisante pour couvrir la totalité des créances. Selon les documents transmis par Nortel au tribunal de commerce, ses dettes sont estimées à 5,9 milliards de dollars. Les créanciers parlent eux de plus de 16 milliards de dollars. A charge pour le juge du tribunal de déterminer la valeur exacte du montant qui sera rétrocédé aux différents créanciers.Crise des télécomsLa fin de l'histoire Nortel est donc proche. Première capitalisation du Canada au début des années 2000, l'équipementier a subi de plein fouet la crise des télécoms mais a également énormément souffert d'un scandale comptable qui a incité bon nombre de ses clients à se tourner vers d'autres fournisseurs. Au dernier trimestre, avec les activités qu'il exerçait encore en propre, Nortel a enregistré un chiffre d'affaires de 484 millions de dollars, deux fois moins qu'un an auparavant.Olivier Pinaud
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