Eté difficile pour les tours-opérateurs

L\'association des tours-opérateurs (Ceto) a révélé ce vendredi son premier bilan de la saison estivale. Sans surprises, et comme la majorité des professionnels du tourisme, ils la jugent décevante. Certaines destinations ont connu des pertes importantes de voyageurs venant de France par le biais d\'un tour-opérateur.Les touristes français ont d\'abord été beaucoup moins nombreux à se rendre en Croatie (-14%), en Espagne continentale (-28%) et insulaire (-16% aux Baléares et -10% aux Canaries) ou à l\'île Maurice (-12%). Leur large repli s\'explique par des prix jugés trop élevés alors que la clientèle française cherche à faire des économies.Ce n\'est pas la seule raison qui a poussé à la désaffectation des touristes français. La Turquie a elle souffert de sa proximité avec la Syrie voisine, en proie à la guerre civile. Elle enregistre un recul de fréquentation de 17%. Elle s\'en sort tout de même assez bien avec 42 800 Français s\'y étant rendues pendant l\'été. Elle est en deuxième position des pays visités cet été avec un tour-opérateur français.La Grèce, destination « classique » de vacances pour les Français, connaît un sort mitigé. Les destinations continentales ont perdu 25% de voyageurs français. En revanche, les îles grecques affichent une progression de 7%. 40 000 Français ont utilisé un tour-opérateur pour s\'y rendre.Les Français retournent au MaghrebMalgré une déception générale du secteur, certaines destinations ont attiré beaucoup plus que l\'année dernière. Au premier rang desquelles, il y a le Maghreb, qui retrouve son attrait après une année 2011 marquée par le « Printemps arabe ». Les inquiétudes que suscitait la région chez les touristes semblent s\'estomper.La Tunisie connaît ainsi une croissance de 29,5% et se place en tête des destinations estivales des tours-opérateurs avec 56 000 touristes français. Le Maroc connaît lui une progression de 16% à 30 000 touristes français.En ce qui concerne les autres régions du monde : les Etats-Unis restent une destination stable et 29 000 personnes s\'y sont rendues cet été ; l\'Asie tient elle aussi son rang. La Chine est une destination stable. La Thaïlande connaît une croissance de 18%, le Cambodge de 9% et l\'Indonésie de 4%.Des départs en repli de 7,7% pour juilletDe manière plus générale, selon le bilan de l\'association des tours-opérateurs (Ceto), les voyagistes français estiment avoir connu une saison estivale décevante. Entre mai et juillet, la saison affiche un repli de 6,7% des réservations par rapport à la même période de 2011. René-Marc Chikli, le président de la Ceto, précise à l\'AFP : « Juillet est catastrophique. Les départs sont en repli de 7,7% en terme de chiffre d\'affaires et de 11% en terme de trafic ». En revanche, il remarque : « la bonne nouvelle, c\'est qu\'août n\'est pas aussi mauvais. Les tendances de réservations sont stables (+0,6%) par rapport à l\'an dernier ».René-Marc Chikli résume : « On s\'oriente vers un été exécrable ». Les tours-opérateurs ne sont pas les seuls professionnels du tourisme à avoir souffert cet été. Le président de la Ceto confirme : « On rejoint le mouvement général dans le tourisme ». La conjoncture économique très difficile a en effet pénalisé l\'ensemble des professionnels du tourisme français (à l\'exception de Paris), cet été.Jeudi, un bilan provisoire du cabinet Protourisme mettait en évidence une baisse de 5% du nombre de nuitées à la mi-août pour la saison estivale de l\'ensemble de la France. Le cabinet expliquait cela par le mauvais temps et la crise. Les Français, en effet, continuent de se « serrer la ceinture », réduisant leurs dépenses annexes (restaurants, achats, sorties).Des difficultés plus anciennesLes tours-opérateurs en France connaissent depuis déjà plusieurs mois des difficultés. Georges Colson, le patron du syndicat national des agents de voyage (Snav), estimait fin juillet : « C\'est la pire période que j\'ai connu ». Selon lui, 5 000 emplois ont été perdus par la profession depuis trois ans. TUI Travel, le numéro 1 des tours-opérateurs, a enregistré une baisse des son bénéfice opérationnel de 16% à 93,8 millions d\'euros au troisième trimestre 2012 (avril-juin). Les difficultés émanaient notamment de sa filiale française (Marmara, Nouvelles Frontières, Tourinter...) où 484 postes ont été supprimés. Thomas Cook, le numéro 2 du secteur, a lui aussi connu au troisième trimestre une perte opérationnelle importante de 33,9 millions d\'euros.Entre autres explications apportées sur les difficultés des tours-opérateurs, Bruno Despujol, partner du cabinet Oliver Wyman (conseil en stratégie), expliquait en juillet : « la vraie révolution digitale se déroule aujourd\'hui ». Le canal Internet « dépasse à présent les 20% des ventes de packages (vols + séjour), seuil à partir duquel les acteurs historiques sont mis à mal ». Selon le baromètre annuel de Raffour Interactif (cabinet spécialisé dans le tourisme), en 2011, 58% des Français partis en vacances ont préparé leur séjour en ligne et 42% ont réservé sur la toile contre seulement 8% en 2003. 
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