La sentence Khodorkovski est un test pour le pouvoir russe

Le verdict, dont la lecture commence ce lundi, du deuxième procès de Mikhaïl Khodorkovski, l'ancien magnat du géant pétrolier Ioukos, indiquera le degré d'ouverture octroyée par l'éxécutif russe. Le parquet a requis 14 ans de camp d'internement tant pour Khodorkovski que pour son associé Platon Lebedev, jugés depuis mars 2009 pour le supposé détournement à leur profit de 218 millions de tonnes de pétrole. Les deux hommes finissent déjà de purger une peine de huit ans de prison depuis 2003, année où ils avaient été condamnés pour escroquerie et évasion fiscale. « Mon mari va rester en prison jusqu'en 2012 » prédit Inna Khodorkovski dans un entretien à Snob Magazine.« Tout voleur doit aller en prison » a tranché il y a peu à la télévision le Premier ministre Vladimir Poutine à propos de l'ancien tycoon. « Ni le président, ni aucun autre responsable n'a le droit d'exprimer sa position avant le jugement » a rétorqué son successeur à la présidence, Dimitri Medvedev.Le contexte a en effet changé depuis 2003. Les nombreuses irrégularités et contradictions au cours de ces mois de procès ont démontré qu'il s'agissait d'une parodie de justice. Celui qui était devenu la « bête noire » de Vladimir Poutine suscite aujourd'hui une vague de soutien qui va au-delà de l'intelligentsia russe, pour son courage à dénoncer du fond de sa prison le régime en place. Dans un article dans la presse moscovite, Mikhaïl Khodorkovski, écrit que Poutine lui inspire de la « pitié », car il est « seul », « craint » et son « seul sentiment sincère » serait l'amour des chiens...Chute brutale« L'affaire Ioukos » s'inscrit dans la reprise en main de l'économie opérée par le pouvoir russe en 2000, avec l'accession de Poutine à la présidence, et la nomination aux postes clés de nombre de ses proches, en majorité des cadres du FSB, l'ancêtre du KGB. L'ascension de Khodorkovski a commencé sous la présidence de Boris Eltsine. Sur fond de démantèlement chaotique de l'empire soviétique, nombre de jeunes diplômés ambitieux profitèrent de la libéralisation de l'industrie sans encadrement juridique pour mettre la main sur des pans entiers de l'économie pour une bouchée de pain. Parmi ces « oligarques », on compte Roman Abramovitch, Oleg Derispaska, qui deviendra un magnat de l'aluminium à la tête de Rusal. En 1995, Mikhaïl Khodorkovski racheta lui aussi avec ses associés la compagnie pétrolière publique Ioukos pour 350 millions de dollars, valorisée 27 milliards de dollars, à la veille de sa chute en 2003.Car durant son ascension qui fera de lui l'homme le plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkovski ne se contente pas seulement de développer son entreprise. Voulant faire de Ioukos un groupe international, il va adopter les standards de transparence financière, introduit des actionnaires américains à son capital, défend des idées libérales, et finance les partis politiques démocratiques opposés au pouvoir de Vladimir Poutine. Populaire et riche, le clan Poutine finira par le faire chuter.
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