Pas d'austérité pour le Roi des Belges

La Belgique est budgétairement, à l’image de la France, un pays à cheval entre le «nord» et le «sud» de la zone euro. Elle surveille donc de très près le déficit de ses dépenses publiques (du reste moins béant, à 3% du PIB, que celui de son voisin d’outre-Quiévrain) et le gouvernement d’Elio di Rupo a présenté pour 2013 un plan d’économies de plus de 3 milliards d’euros ainsi qu’un accord avec les syndicats pour s’assurer de la modération salariale et ainsi rattrapé l’écart de compétitivité avec l’Allemagne.Indexation de la liste civileLe premier ministre belge avait, dans ce cadre, annoncé que la liste civile de la famille royale serait «gelée» pour 2012 et 2013. Le Roi des Belges et ses proches se devaient sans doute de contribuer, par sa solidarité, à l’austérité ambiante. A l\'époque, le Roi avait fait mine d\'aquiescer. L’ennui, c’est que la constitution belge prévoit dans son article 89 que «le montant de la liste civile du Roi est fixée par la loi pour la durée du règne» du monarque. Or, la loi du 6 novembre 1993, fixe cette liste à 244 millions de francs belges, soit un peu plus de 6 millions d’euros, étant entendu que «ce montant est adapté à l’indice des prix à la consommation.» Autrement dit, le Roi des Belges bénéficie de l’échelle mobile des salaires, ce spectre qui effraie tout bon fonctionnaire européen et tout économiste moderne (et que la France a supprimé dès 1982, quand Jacques Delors était ministre des Finances).Pour 300.000 euros de plusComme le rapporte le quotidien néerlandophone De Tijd, dans son budget pour 2013, le gouvernement fédéral a donc dû réévaluer la liste civile de Sa Majesté Albert II de 300.000 euros pour la porter à 11,5 millions d’euros, ce qui représente une progression de 2,5% sur un an. Pas si mal, lorsque l’on sait que la Commission européenne prévoit une hausse des prix de 1,8% pour l’an prochain dans le Royaume. En revanche, les autres membres de la famille royale verront leurs revenus gelés et ressentiront donc le vent glacial de l’austérité.Relance royaleAlbert II est néanmoins un roi soucieux de ses devoirs. Il s’est donc engagé à dépenser l’intégralité de ces 300.000 euros supplémentaires dans la rénovation de ses résidences. Un plan de relance royal en quelque sorte. Belle initiative lorsque l’on sait que l’investissement dans le logement est un des points faibles de l’économie belge : selon la Banque Nationale de Belgique, il a ainsi reculé de 2,2% au troisième trimestre 2012. Evidemment, ces 300.000 euros risquent de n’être pas suffisants pour relancer l’activité belge. Mais ainsi le Roi apporte sa pierre à l\'édifice.Le Roi des Belges mieux loti que le citoyen belgeDe tous les Belges, Albert II n’est pas le plus mal loti. La loi de 1993 prévoit, outre l’indexation de la liste civile sur l’inflation, une revalorisation «sur base de l’évolution des traitements réels des services d’administration générale de l’Etat fédéral et des augmentations de cotisations patronales à la sécurité sociale.» C’est ce qui a permis au roi de bénéficier d’une progression de 91,7% de sa liste civile depuis 1993 lorsque l’indice des prix n’a progressé que de 47,5%. Quant aux salaires moyens belges, ils ont connu sur la même période une progression de 54%. Au final, il semble bien qu’Albert II pose un problème de compétitivité-prix et de dépenses publiques. Peut-être la commission européenne devrait-elle, dans le cadre des nouveaux dispositifs européens, se pencher sur cette question? Car, rappelons-le, l\'an prochain, la dette belge devrait dépasser le niveau de son PIB. 
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