La croissance des risques d'entreprises menace les assureurs

Le constat dressé par l'étude du cabinet Mactavish conduite fin 2009 sur le marché britannique est alarmant. « La récession a causé de grands changements et beaucoup d'incertitude en ce qui concerne les risques commerciaux, mais personne ne s'est encore intéressé à ce problème. Cela signifie que certaines entreprises ne sont pas correctement assurées, et que les assureurs souscrivent des risques plus importants qu'ils ne le réalisent. Les investisseurs risquent de se retrouver à financer les pertes », estime Bruce Hepburn, le président-directeur général de Mactavish. Pour sa part, Michel Yarhi, qui préside le conseil consultatif international de Mactavish, estime que « cette étude contribue à accélérer la prise de conscience de ces nouveaux risques ». Cet ancien directeur des assurances de la Société Généralecute; Générale et également ancien président de l'Association pour le management des risques et assurances de l'entreprise (AMRAE) remarque que, « dans un contexte de crise, les entreprises se concentrent, pour survivre, sur leurs activités commerciales et de production. La sécurité et la prévention ne font pas partie des priorités. »En choisissant comme thème « Nouveau monde, nouveaux risques » pour ses rencontres annuelles qui se sont ouvertes à Deauville mercredi, l'AMRAE veut justement sensibiliser ses membres sur le sujet. Et il y a urgence. D'après la recherche de Mactavish effectuée auprès de 250 entreprises en Grande-Bretagne (la France sera étudiée en 2010), tous les secteurs sont touchés par les effets de la crise. La vulnérabilité accrue des chaînes d'approvisionnement (défaillances de fournisseurs et réduction des niveaux de stocks) affecte notamment les secteurs de l'industrie et de la distribution. Bon nombre d'entreprises sont contraintes à lancer de nouvelles activités tout en réduisant leurs coûts, ce qui augmente les risques de conception, les rappels de produits et les risques d'engagement de la responsabilité civile.sous-tarification inévitable« Les assureurs, malgré leurs efforts, connaissent mal l'intimité de la réalité industrielle », affirme Michel Yarhi en écho à l'étude, qui conclut que « les modèles traditionnels d'évaluation des risques utilisés par les assureurs deviennent de moins en moins fiables. Compte tenu de l'aggravation des risques, une sous-tarification généralisée est inévitable en 2010, car le risque croît alors que les taux [primes ou tarifs] sous-jacents continuent de baisser ». Au point que Citi Global Markets estime dans une analyse, au vu de ces résultats, que les investisseurs doivent être informés de ces tendances, qui « pourraient avoir une incidence importante sur les cotations boursières [des assureurs] au cours des dix-huit prochains mois ».Valables pour le marché britannique, ces observations ne sont sans doute pas entièrement transposables à la France. Selon Axa Corporate Solutions, l'un des principaux assureurs de risques d'entreprises avec 30 % du marché français, la remontée des tarifs a commencé : il annonce 3 % de hausse moyenne en IARD pour les renouvellements du 1er janvier 2010. D'autres spécialistes soutiennent cependant que l'offre d'assurance en grands risques reste excédentaire, ce qui oblige les compagnies à rester compétitives. n
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