Le marché boude la normalisation des stocks de pétrole

Sans la Chine, le bassin atlantique s'étoufferait de pétrole. » Ce constat de Hussein Allidina, responsable de la recherche de pétrole chez Morgan Stanley, explique l'essentiel de la dégringolade du baril, qui a perdu 10 dollars en une semaine. L'empire du Milieu est en effet le seul consommateur important d'or noir à avoir vu ses importations de brut progresser en 2009. Les États-Unis, l'Europe et même l'Inde brûlent au contraire moins de brut. Le resserrement en cours de la politique monétaire chinoise, qui pourrait freiner la soif de produits énergétiques du pays, inquiète donc les traders. Plusieurs banques chinoises auraient en effet interrompu ou sévèrement ralenti les crédits qu'elles accordent, et ce depuis le 19 janvier dernier.« Le marché craint fortement que le resserrement du crédit par les banques chinoises puisse vraiment peser sur la croissance industrielle et l'activité économique, et ralentir la demande pour les matières premières », expliquait Phil Flynn, de PFG Best Research, à l'AFP.L'autre source d'inquiétude du moment réside dans la question de la régulation. À l'invite de l'Agence internationale de l'énergie, l'Opep, ainsi que les organes de régulation américain et britannique (CFTC et FSA) se retrouveront fin février au Japon pour aborder le sujet. La limitation des positions détenues par un acteur sur le marché de l'énergie, actuellement mise en place aux États-Unis, pourrait limiter la liquidité des marchés de l'énergie ainsi que les marges réalisées dans le secteur par les institutions financières.La défiance ambiante que traduisent les cours du pétrole, qui chutait de nouveau hier (? 0,79 % à 74,12 dollars à New York pour le WTI), tranche pourtant avec le retour à l'équilibre du marché du pétrole. Ce qu'illustre la situation des stocks dans les pays de l'OCDE, qui reflètent une légère reprise de la demande. Les stocks de produits distillés et de brut ont touché leur niveau maximal en mars 2009, et ont désormais tendance à se réduire (voir graphique). Hier, aux États-Unis, le ministère de l'Énergie a de son côté annoncé un recul inattendu des réserves de pétrole brut du pays. Les stocks américains se situent à 326,7 millions de baril, soit un recul de près de 4 millions de barils en une semaine. Pour Morgan Stanley, qui vient de relever ses prévisions de cours pour le baril en 2010, le recul du niveau des stocks devrait même catalyser le regain des prix. La banque anticipe désormais un baril à 95 dollars d'ici à la fin de l'année, et à 100 dollars pour 2011. « Le pétrole a trouvé un plancher à 60 dollars par baril, qui est le seuil minimal pour assurer la rentabilité des projets pétroliers les plus coûteux », assure pour sa part Olivier Appert, directeur de l'Institut français du pétrole, qui estime que le baril ne devrait plus sombrer sous ce seuil.
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