La Réserve fédérale garde son taux au plancher

Isabelle Croizard. C'est à un nouveau numéro d'équilibriste que la Réserve fédérale américaine a du se livrer pour le premier de ses huit conseils de l'année 2010, alors que le moment de mettre en oeuvre les stratégies de sortie de crise se rapproche. Aussi divisés soient-ils, les « sages » de son conseil en ont bien conscience : une sortie trop rapide risque de replonger l'économie dans le marasme, alors que le PIB du quatrième trimestre 2009, qui sera officiellement connu vendredi, devrait faire ressortir une croissance en rythme annualisé d'au moins 4,5 %. Une sortie trop tardive risque, elle, de réveiller l'hydre inflationniste. Le dernier chiffre des prix à la consommation fait apparaître une hausse en glissement annuel de 2,7 %, même si l'indice sous-jacent, défalqué des prix volatils que sont l'énergie et l'alimentation, limite sa progression à 1,8 %.La situation de la Fed est d'autant plus délicate qu'elle a récemment dû faire face à une avalanche de critiques de la part de responsables politiques dénonçant sa gestion de la crise et son attitude trop laxiste à l'égard des banques, dans un contexte où la reconduction de son président, Ben Bernanke, n'est toujours pas totalement acquise, alors que son mandat arrive à expiration le 31 janvier. Rien d'étonnant, dans ces conditions, que la banque centrale n'ait modifié son communiqué qu'à la marge en maintenant le statu quo sur son taux directeur. Le taux cible des fonds fédéraux a été reconduit dans la fourchette de 0 % à 0,25 % dans lequel il est enserré depuis décembre 2008 et devrait se maintenir pendant encore plusieurs mois. Du moins tant que le chômage, qui reste à un niveau proche de son plafond d'il y a 26 ans, n'amorce pas une réelle décrue. Ainsi, la phrase clé de son communiqué, garantissant des taux à un niveau « exceptionnellement bas, pendant une période de temps prolongée », n'a pas été modifiée, la Fed se gardant de donner aux marchés un signal d'inflexion prochaine de la politique monétaire. Car la priorité de la Fed est d'abord d'éponger les liquidités excédentaires et de mettre progressivement un terme à ses programmes de rachats d'actifs. Ayant bouclé celui concernant les rachats d'emprunts d'État (300 milliards de dollars au total) et ayant annoncé à la mi-décembre que les opérations d'apport illimité de liquidités aux banques prendraient fin le 1er février, elle a annoncé hier qu'elle mettrait fin à ses opérations de «swaps» (échange) de devises avec les autres grandes banques centrales. La Fed a surtout décidé que le programme de 1.250 milliards de dollars de rachat de créances hypothécaires serait bouclé le 31 mars. Bien que le marché immobilier reste fragile, comme en a attesté hier la baisse de 7,6% des ventes de logements neufs, les prix immobiliers ont renoué avec la hausse depuis six mois, un signe encourageant pour la Fed.
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