Livret A : Moody's s'inquiète de l'impact sur les banques françaises

Moody’s pourrait une nouvelle fois s’attirer les foudres du monde politique après sa communication de ce lundi sur le relèvement des plafonds des livrets A et LDD, annoncé mercredi dernier par le gouvernement. L’agence avertit sur le caractère négatif qu’aura une telle mesure sur la note des banques françaises. Elle estime que si le relèvement devrait nuire \"marginalement\" aux assureurs par une moindre collecte  sur les contrats d\'assurance-vie, elle va surtout amoindrir la capacité des banques françaises à augmenter leur financement par les dépôts. Ce relèvement \"va inciter les épargnants à convertir des dépôts bancaires classiques en épargne défiscalisée\", estime l\'agence. Ce qui \"va réduire le montant des dépôts disponibles pour le financement des banques\", ajoute-t-elle.Contre un doublement instantané des plafondsMoody’s met son grain de sel dans un débat qui s’est montré très dense, notamment avant l’annonce de la réforme. Plusieurs voix s’élevaient alors contre un doublement instantané des plafonds des deux livrets, qui représentent plus de 300 milliards d’euros d’encours, dont 230 milliards pour le seul livret A. Selon beaucoup, le doublement des deux plafonds aurait déstabilisé les institutions financières dans leur quête de dépôts de bilan, puisque les banques redirigent la majeure partie des encours de livrets A vers la Caisses des dépôts (CDC). Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait notamment invité en mai dernier le gouvernement à faire preuve de \"beaucoup de prudence\" dans les modalités du relèvement du plafond du livret A \"pour ne pas déstabiliser le financement des entreprises, le financement des ménages, le financement de la dette publique\" en provoquant un flux de capitaux vers ces livrets. De même, le cabinet de conseil Roland Berger, qui travaille avec plusieurs grandes banques françaises, estimait judicieux d\'étaler le doublement des plafonds dans le temps. Ce, pour ne pas introduire trop brutalement de nouvelles tensions sur les produits d’épargne, mais aussi parce qu\'il n’y avait selon lui pas de besoin urgent de fonds pour le financement du logement social, mission première du livret A.Au final, un doublement progressifLe gouvernement a in fine entendu ces revendications. Il a annoncé mercredi le relèvement progressif du plafond du livret A de 25% pour la mi-septembre à 19.125 euros, et encore de 25% \"en fin d\'année 2012\". Avant un doublement dont la date n’a pas été fixée, mais qui s’opérera \"en fonction des besoins\".Pour Moody’s, ce relèvement est déjà trop important pour ne pas nuire aux notes des banques françaises, notamment pour trois établissements, que sont BPCE, Crédit Mutuel et Crédit Agricole, car ils disposent \"des encours les plus importants d\'épargne défiscalisée\", indique l\'agence de notation. Ils devraient du coup subir davantage les transferts d’épargne. L\'autre grand distributeur de livret A, la Banque Postale, n’est pas évoquée par Moody’s car elle n\'est pas notée par l\'agence. L’effet négatif du doublement du plafond du livret A devrait en revanche être tempéré pour les Caisses d’Epargne et le Crédit Mutuel car leur taux de centralisation des livrets A et LDD à la CDC baissera progressivement dans les dix prochaines années pour atteindre 65% au 1er mai 2022. A l’avenir, elles garderont donc proportionnellement de plus en plus d’épargne de ces livrets dans leur bilan. BNP Paribas et Société Générale seront pour leur part \"affectées dans une moindre mesure\", selon Moody\'s, \"parce qu\'elles ont des stocks plus faibles sur ces supports\".
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