L'état place le patron de Veolia à la tête d' EDF

En nommant à la tête d'EDF Henri Proglio, actuel PDG de Veolia, Nicolas Sarkozy poursuit son puzzle industriel. Derrière ce choix, rare, d'un grand patron du privé pour présider une entreprise publique, se dessine la volonté du président de la République de renforcer les liens entre l'ex-Générale des Eaux et EDF. Henri Proglio devrait en effet cumuler la présidence d'EDF et une fonction non exécutive dans le groupe de services aux collectivités qu'il a sauvé du naufrage initié par Jean-Marie Messier. Afin de rendre cette dualité acceptable, la gouvernance de Veolia serait modifiée afin qu'il puisse garder la tête d'un conseil de surveillance, poste moins impliquant que la présidence de l'actuel conseil d'administration. Pour faire taire les remous créés par ce choix, le futur patron d'EDF sera d'abord « auditionné par le Parlement », a indiqué le Premier ministre au « JDD ».Si le rêve de fusion entre les deux groupes, longtemps caressé par Henri Proglio, semble écarté, une montée de l'électricien au capital de Veolia est envisagée. Faute de créer un champion national ? les deux groupes sont déjà des géants mondiaux ?, l'opération donnerait un coup de pouce à Veolia, qui est dans une passe financière difficile. « Ce serait un signal fort envoyé quant au soutien de l'État à ce groupe dans une conjoncture délicate », écrivait en juillet Patrice Lambert de Diesbach, analyste au Crédit Mutuel-CIC. Sur la forme, ce soutien pourrait passer par la vente à Veolia par EDF de ses 34 % dans Dalkia (filiale commune de services énergétiques). En échange, l'électricien recevrait environ 13 % du capital de Veolia, qui s'ajouteraient aux 4 % qu'il détient déjà. Avec les 10 % que possède la Caisse des dépôts, l'État aurait une position bien assise au capital du leader français des services à l'environnement, de nature à rassurer les collectivités locales qui génèrent plus de 50 % de son chiffre d'affaires. Cette position resterait certes moins importante que les 35,6 % détenus par l'État chez le grand rival historique GDF Suez. Cerise sur le gâteau, si Veolia récupérait 100 % de Dalkia, cela lui permettrait de remettre la main sur les cash-flows dégagés par cette filiale.d'autres coups de pouceL'État n'en serait pas à son premier coup de pouce à Veolia. Tout à son soutien aux industries françaises, il favorise le projet de fusion de Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, avec la branche transport de Veolia, avant une introduction en Bourse du nouvel ensemble pour aider au désendettement du groupe de services. La CDC monterait au passage encore un peu au capital de Veolia (+ 3% environ).Quant à EDF, empêché depuis toujours de rendre plus opérationnelle sa participation dans Dalkia, l'opération lui permettrait au moins de rendre liquides ses 34 % dans la filiale. Reste que « sur le plan industriel, un rapprochement d'EDF et Veolia n'a aucun sens », tranche un analyste parisien. L'Élysée n'avait-il pas imposé à Suez de céder sa branche environnement avant de fusionner avec GDF ? En revanche, le renforcement des liens, ne serait-ce que par la double casquette d'Henri Proglio, permettra au gouvernement de « verdir » l'électricité nucléaire, déjà non émettrice de CO2, en l'associant à un groupe actif dans le recyclage, l'assainissement de l'eau? « EDF, Environnement de France », ricanent déjà certains.
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