Mikhaïl Khodorkovski deux fois coupable

Le sort exact de Mikhaïl Khodorkovski et de son partenaire Platon Lebedev reste incertain. S'ils ont été reconnus lundi coupables d'avoir détourné 218 millions de tonnes de pétrole, leur peine ne devrait, elle, être connue qu'en fin de semaine voire début 2011. Le parquet avait requis 14 ans de prison. Les premières réactions internationales, des chefs de la diplomatie américaine (Hillary Clinton), européenne (Catherine Ashton) ou allemande (Guido Westerwelle), sont critiques, mettant surtout en avant leur inquiétude pour l'État de droit et les droits de l'Homme en Russie.Dans son pays, Khodorkovski fait désormais figure de bouc émissaire sur lequel se concentre la vindicte de Poutine, tandis que les autres oligarques continuent de prospérer sur d'anciennes privatisations truquées. Son tort ? Il est le seul oligarque à avoir défié publiquement Poutine. Son groupe pétrolier Ioukos finançait quasiment toute l'opposition, des libéraux aux communistes, bloquant des projets de loi du Kremlin. Juste avant son arrestation en 2003, l'oligarque, alors première fortune du pays, menaçait de démultiplier son assise financière en vendant d'un paquet de 25 % de Ioukos à une major américaine.« Mansuétude du Kremlin »L'opposition libérale et de nombreuses figures médiatiques russes ont pris sa défense. Mais de très rares voix défendent encore la rancune du Kremlin. « La seule défense crédible de Khodorkovski est l'argument selon lequel tout le monde faisait la même chose, s'insurge Eric Krause, conseiller chez la banque d'investissement Otkritie. Il y a juste un problème : ce n'est pas un argument juridique. »Mais le consensus dans les milieux d'affaires russes est que la mansuétude du Kremlin ferait du bien au climat d'investissement. « Le marché a déjà anticipé une condamnation lourde et des gros titres négatifs sur la Russie n'auront pas d'effets prolongés sur les cours », note Chris Weafer, stratège chez UralSib. « En revanche, un verdict plus clément pourrait avoir un effet positif sur les investisseurs méfiants envers la Russie. » Tout n'est pas joué, car fin décembre est historiquement une période de grosses surprises politiques.Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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