Obama en passe de révolutionner la santé

Pendant sa campagne, le candidat Obama l'avait martelé : non seulement la crise ne devait pas empêcher la refonte du système de santé américain qu'il appelait de ses v?ux, mais elle la rendait plus nécessaire encore. Alors que, jeudi, sa réforme phare a franchi une étape cruciale avec l'adoption d'un projet de loi historique par le Sénat, d'alarmants indicateurs économiques donnent raison à l'hôte de la Maison-Blanche. En raison de la sévère récession que viennent de traverser les États-Unis, trois millions d'Américains ont perdu leur assurance-maladie au cours de l'année écoulée. Et faute de réforme, les dépenses de santé ont continué à progresser, s'inscrivant à 2.500 milliards de dollars en 2009 et contribuant à l'explosion d'un déficit budgétaire de 1.400 milliards de dollars.Avant le réveillon de Noël, 60 sénateurs sur 100 ont voté un texte visant à accorder une couverture santé à 31 millions d'Américains sur les 47 millions qui en sont dépourvus, tout en réduisant le déficit fédéral de 132 milliards de dollars en dix ans. Ce projet de loi devra être fusionné avec celui adopté par la Chambre des représentants ? avec lequel il diverge notamment sur les questions de financement et d'avortement ? pour que la réforme puisse être signée en janvier par Barack Obama. Même si la plupart des mesures votées par les deux Chambres ne seront tangibles qu'à partir de 2013, la fin du statu quo doit permettre d'enrayer une spirale d'inflation des dépenses propre à peser durablement sur la première économie mondiale.Selon les Centres de services de Medicare et Medicaid (CMS), les dépenses de santé américaines devraient à nouveau être les plus élevées au monde en 2009, s'inscrivant à 8.160 dollars par habitant (7290 en 2007 selon l'OCDE) et représentant 17,6 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, contre 7,2 % en 1970. Or, sans mobilisation du Congrès, les CMS préviennent qu'en 2018 ces dépenses, plombées par le vieillissement des « baby-boomers », bondiront à 4.300 milliards de dollars, soit 20,3 % du PIB estimé à cette échéance.Derrière cette envolée des chiffres, l'Amérique d'Obama est malade de son système de santé. Selon une enquête de la Kaiser Family Foundation, 19 % des Américains affirment rencontrer de « graves problèmes financiers » du fait de leurs factures médicales. Entre 1999 et 2008, les primes d'assurance-maladie ont bondi de 119 %, ce qui explique que les entreprises éprouvent des difficultés croissantes à financer la protection de leurs employés. La Kaiser Family Foundation estime, qu'entre 2008 et 2009, 6,9 millions d'Américains ont perdu l'assurance fournie par un employeur mais que seuls 2,8 millions d'entre eux ont réussi à obtenir une couverture par le biais des programmes fédéraux Medicaid, destiné aux plus démunis, et Chip, réservé aux enfants. nouveau filet de sécuritéLe texte du Sénat, comme celui adopté en novembre par la Chambre des représentants, prévoit de redresser le seuil d'éligibilité à ces programmes à hauteur de 88.000 dollars par an pour une famille de quatre personnes ? soit quatre fois le taux de pauvreté aux États-Unis ? « ce qui apportera un nouveau filet de sécurité aux familles modestes et à la classe moyenne », se félicite Drew Altman, le président de la fondation. De son côté, l'Economic Policy Institute, un centre de recherche proche des milieux syndicaux, applaudit le fait que le texte du Sénat prévoit des crédits d'impôts pour les très petites entreprises (TPE) afin d'alléger les primes d'assurance de leurs salariés. Un enjeu majeur dans un pays où 14 millions d'adultes travaillant dans une entreprise de moins de 50 salariés sont privés de couverture maladie.
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