Laurence Gavron, cinéaste expatriée jusqu'au bout

L'Afrique m'a donné une deuxième vie ! » Installée à Dakar depuis 2002 dans une élégante maison du Point E, la réalisatrice et écrivaine Laurence Gavron a trouvé dans la culture sénégalaise, dont elle parle couramment la langue (le wolof), une source d'inspiration. Rien ne prédisposait, pourtant, cette Parisienne d'origine juive, née dans le Marais, à s'amouracher d'un pays dont elle revendique aujourd'hui la nationalité. Naturalisée le 31 décembre 2007 à sa demande, l'auteur de « Marabouts d'ficelle » (2000), « Boy Dakar » (2008) et « Hivernage », sorti le 16 septembre aux Éditions du Masque, est arrivée à l'Afrique par le cinéma. Après avoir soutenu en 1977 un mémoire de maîtrise de lettres modernes, option cinéma, à l'université Paris III, sur « Aspects du thème de l'errance dans le cinéma américain », elle commence à travailler comme critique.Envoyée au festival du film de Berlin, elle y rencontre son mari, un chef opérateur de grand talent, qui l'emmène vivre à Munich au temps de l'apogée de réalisateurs comme Fassbinder ou Wenders. À la demande de la télévision allemande, elle réalise, en 1980, son premier film consacré à Eddie Constantine (« Just like Eddie »).Son mari décède d'une crise cardiaque en 1988 la laissant veuve et attendant, à 32 ans, son deuxième enfant. « C'était dur, mais il fallait continuer à vivre, trouver du travail, faire face? » Elle part couvrir le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), au Burkina, et commence à se passionner pour les réalisateurs africains dont beaucoup, aujourd'hui, sont devenus ses amis. En 1991, elle réalise un portrait du mythique Djibril Diop Mambéty, suivi de « Y'a pas de problème ! Fragments de cinémas africains » (1995) et de « Naar bi, loin du Liban » (les Libanais au Sénégal). Puis, plus récemment, elle décide de se consacrer aux musiciens et aux griots, ces chantres de la culture traditionnelle, dont elle réalise une série de portraits : Ndiaga Mbaye, (« le Maître de la parole ») Samba Diabaré Samb (« le Gardien du temple ») et la diva sérère (« Yandé Codou Sène »), griotte de Senghor qui l'ont fait connaître de tous les Sénégalais.« démarche inverse »« Les conditions de tournage sont toujours très difficiles, en Afrique. Aussi la plupart des réalisateurs préfèrent vivre en France ou, ailleurs, en Occident. J'ai fait la démarche inverse », explique-t-elle en sirotant un jus local. Consciente de la grande détresse matérielle et morale dans laquelle se trouve aujourd'hui le cinéma africain, elle préfère mettre l'accent sur les nombreux talents que recèle le continent. « Les fonds à la création sont disponibles même si c'est plus facile pour des documentaires que pour des longs-métrages ! » Ravie d'avoir, enfin, trouvé un producteur sénégalais, elle envisage maintenant de porter à l'écran son nouveau roman ? un thriller narrant le calvaire d'épouses d'émigrés sénégalais laissées derrière au pays, sans mari et sans protection. Un thème qui devrait, selon elle, parler à un large public.
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