À Cancún, la crainte d'un nouvel échec hante les négociations sur le climat

ès avoir frôlé le fiasco à Copenhague en décembre 2009, les délégations de plus de 190 pays se retrouvent aujourd'hui et jusqu'au 10 décembre à Cancún (Mexique) pour une nouvelle conférence sur le climat. L'obsession des négociateurs sera d'éviter une nouvelle déception qui finirait de discréditer ces grands rendez-vous annuels qui se tiennent dans le cadre de l'ONU. Par précaution, les ambitions ont été révisées en baisse. Plus question de show médiatique à grand renfort de chefs d'État et de gouvernement. Plus question non plus, à ce stade du moins, d'accord universel légalement contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (Ges). De fait, les négociations climatiques se sont transformées en auberge espagnole où chaque pays pose sur la table ses choix de politique anti-réchauffement sans se soucier du résultat final qui doit, selon les recommandations des experts (Giec), épargner à la planète un réchauffement de plus de 2 ° C au cours de ce siècle par rapport aux températures préindustrielles.Décélération des émissionsL'heure est à la modestie. La crise économique internationale mobilise les gouvernements et a vidé les caisses publiques. Les seuls progrès susceptibles d'être réalisés à Cancún, qui réunira très classiquement les ministres responsables du climat, portent sur des aspects techniques : financement de la réduction des émissions dues à la déforestation, transfert de technologies vers le Sud, gouvernance d'un Fonds vert pour aider le Sud face aux déréglements climatiques, évaluation des initiatives prises par les États pour réduire leurs émissions de Co2... De quoi, au mieux, maintenir en vie les négociations. Pourtant l'année 2010 devrait être la plus chaude jamais enregistrée, selon le Met Office du Royaume-Uni. Fragile acquis de Copenhague, la plupart des grands États ont promis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, au Nord comme au sud. La Chine, premier émetteur mondial de Ges, a consenti à diminuer de 40 % à 45 % de ses rejets par unité de PIB. Il ne s'agit pas encore d'une réduction en valeur absolue, mais d'une décélération des émissions. « Elle met les bouchées doubles pour développer l'industrie de l'énergie éolienne et solaire au point que les syndicats américains de l'acier américain accusent Pékin de violer les règles de l'OMC par ses soutiens aux exportations dans ce domaine », explique Emmanuel Guérin, directeur du programme climat à l'Iddri (Institut de développement durable et de relations internationales).C'est plutôt au Nord que s'instille le doute. L'Europe n'a toujours pas choisi de relever son objectif de réduction des émissions de 20 % à 30 % d'ici à 2020, par rapport à 1990, et ne décidera sans doute rien à Cancún. Aux États-Unis, « les élections de mi-mandat ont brisé pour plusieurs années tout espoir de mise en oeuvre de politique climatique au niveau fédéral », souligne Emmanuel Guérin. Au total « les engagements pris à Copenhague par les différents pays sur une base volontaire ne permettront pas une réduction globale des émissions suffisante », estime-t-il. Et les pays devront à terme durcir leurs politiques « ce qui les ramènera inévitablement à la table des négociations pour un partage concerté du fardeau », conclut Laurence Tubiana, directrice de l'Iddri.
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