En Hongrie, la chasse aux fonds de pension effraie les investisseurs

Depuis jeudi dernier, la Hongrie se donne des airs argentins. En annonçant son intention de « nationaliser » une partie des fonds de pension privés du pays afin d'alléger les finances publiques, comme l'avait fait deux ans auparavant Cristina Kirchner, la présidente argentine, le gouvernement de Viktor Orban s'est attiré les foudres des investisseurs. Mercredi, ce dernier a demandé aux trois millions de Hongrois cotisant à une caisse de retraite privée de choisir entre la possibilité de rejoindre le système public avec le pécule accumulé ou bien de rester fidèle au système privé, ce qui les priverait de tout droit à la retraite d'État, tout en les obligeant à continuer à cotiser au système public.Cette décision a mis à mal les marchés hongrois dès le milieu de semaine dernière. Le tableau s'est davantage noirci vendredi après la décision de certains brokers - Crédit Agricolegricole Cheuvreux notamment - de réduire leur exposition aux marchés locaux. Tous les indicateurs ont viré au rouge vif. La monnaie locale, encore à 272 forints pour 1 euro deux jours auparavant, s'est affaiblie au-dessus de 280. L'indice de la Bourse de Budapest a accentué ses pertes, portant à 7,9 % son repli sur la semaine. Enfin, le financement de la dette hongroise s'est renchéri : les taux à cinq ans ont touché un plus-haut sur une période d'un peu plus d'un an. Le coût de l'assurance contre le risque de défaut a, quant à lui, bondi de 19 points de base à 344. Réduire la dette publique« Le ministre de l'Économie laisse entendre que sur les 2.700 milliards de forints (près de 10 milliards d'euros) que ces fonds privés ont sous gestion, 1.500 à 2.000 pourraient être mis à disposition de l'État en vue de réduire la dette publique », rappelle Simon Quijano-Evans, stratège chez CA Cheuvreux, mais il indique également que les fonds publics pourraient être encore déficitaires de 900 milliards de forints l'an prochain, ce qui laisse craindre une liquidation totale de l'épargne détenue par ces fonds privés. Selon lui, « ce discours est en décalage complet avec ce qui était annoncé auparavant et sans doute précurseur d'une vente massive sur les actions ». D'autant qu'à ce risque s'en ajoutent d'autres. « La probabilité pour que Moody's abaisse sa note d'ici les prochains jours est très élevée », estime la banque Raiffeisen. De son côté, Fitch ne manque pas non plus de souligner « l'impact négatif à moyen terme sur la crédibilité des finances publiques ».
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