Bruxelles utilise les quotas de CO2 comme un outil politique

A la veille de l'ouverture de la conférence internationale de Cancún, la Commission européenne a publié une proposition concernant le marché des quotas d'émissions de CO2 qui témoigne de sa détermination en matière de politique climatique. La DG Climat souhaite en effet restreindre l'accès au marché européen de certains projets de réduction d'émission de gaz à effet de serre. Les projets issus de la combustion du gaz HFC 23, ainsi que certains projets liés au N2O, le protoxyde d'azote, ne devraient plus avoir leurs entrées en Europe à partir de 2013. Ces gaz, émis par des industriels lors de la production de gaz réfrigérants (HFC22) ou d'acide adipique, un composant essentiel du nylon utilisé pour fabriquer les plastiques, présentent aux yeux de nombreuses associations environnementales une petite vertu environnementale. Pourtant, ils comptent pour plus de la moitié des crédits dits CER(*) issus de projets des pays en voie de développement. La Chine, l'Inde et le Brésil en sont les principaux pourvoyeurs - sans doute un peu trop. Derrière les critiques de Bruxelles se trouve une interrogation sur ces volumes importants : certains chimistes auraient profité de cet effet d'aubaine en dopant leur production pour récolter plus de CER. Écart de prix croissantEn France, deux sociétés sont concernées par ce changement de règlementation : Arkema, qui produit du gaz HFC 22 en Chine et récupérait à ce titre des CER liés à la destruction du HFC 23, et Rhodia, qui brûle les émissions de N2O liées à la fabrication d'acide adipique dans plusieurs sites, dont deux lui donnant accès à des CER, en Corée du Sud et au Brésil.Sur le marché du CO2, les prix des quotas européens et des crédits ont pris note des intentions de la DG Climat : l'écart de prix entre les deux types de CO2 s'est creusé, pour atteindre 2,77 euros par tonne. Le prix des CER s'est affaissé, à 12,29 euros vendredi, alors que leur statut n'est pas clair aujourd'hui : certains d'entre eux, liés à des gaz industriels, devraient subir une décote, tandis que rien n'a changé pour les CER issus de fermes éoliennes ou de fours solaires. La place de marché londonienne Climate Exchange, qui appartient à Intercontinental Exchange, a prévenu ses membres d'un changement prochain du statut des CER traités sur son marché. Pour les intervenants de la finance carbone, ce nouveau rebondissement est une source d'incertitude. « Grosse différence »Par exemple, « on ne sait pas si les crédits remis en cause seront cessibles jusqu'au 1er janvier ou au 1er mai 2013, et cela représente une grosse différence pour les industriels », proteste Emmanuel Fages, analyste à la Société Généralecute; Générale. Aline Robert(*) Certified Emissions Reductions
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