L'euro ne fait pas rêver... les Lettons

 La crise a laissé des traces en Lettonie. La petite république de l\'ancien bloc soviétique s\'apprête à adopter l\'euro le 1er janvier 2014, mais ses habitants sont sceptiques quant aux bienfaits de la monnaie unique. Leur principale crainte est la montée des prix, alors que le pays se remet tout juste de la plus forte récession enregistrée par un pays pendant la crise. Le produit intérieur brut (PIB) y avait reculé de 25% au cours des années 2008 et 2009.Résultat: selon une enquête réalisée par la banque DNB, seulement 8% des Lettons soutiennent une adhésion rapide à l\'euro, 42% préfèreraient attendre et 41% y sont catégoriquement opposés. Les indécis représentent quant à eux 9% des sondés.Pourtant, le Premier ministre centriste Valdis Dombrovskis est convaincu que la Lettonie doit adopter l\'euro. Pour lui, l\'abandon du lat, la monnaie lettone déjà arimée à l\'euro, stimulera l\'économie en facilitant les échanges avec les principaux partenaires commerciaux du pays déjà membres de l\'euro.Les opposants très remontésPour convaincre, les autorités ont lancé une vaste campagne dans les médias pour vanter les vertus du passage à la monnaie commune. Mais l\'opposition parle de \"propagande\". \"Chaque médaille a son revers que les partisans de l\'euro omettent de mentionner. Les prix vont augmenter. C\'est ce qui est arrivé dans tous les pays de l\'UE qui sont passés à l\'euro. Nous ne sommes pas une exception\", affirme Iveta Grigule, une députée du parti des Verts et Fermiers (ZZS, opposition).L\'Estonie voisine, premier pays de l\'ex-URSS à avoir adhéré à l\'euro en janvier 2011, a vu les prix à la consommation augmenter de 5% cette année, après une hausse de 3% en 2010. L\'an dernier, les prix y ont augmenté de 3,9%, selon la Banque centrale d\'Estonie.En Lettonie, les altermondialistes et les groupes d\'extrême-droite sont devenus les adversaires les plus farouches du passage à euro. Leur site internet commun \"Non à l\'euro\" qualifie l\'Union européenne de successeur de l\'Union soviétique.Les partisans sont ceux qui profitent de l\'ouvertureA Valmiera, une ville industrielle à 110 kilomètres au nord de Riga, la perspective d\'adopter l\'euro laisse presque indifférent. \"Cela ne changera rien, qu\'on se joigne ou non à la zone euro\", déclare à l\'AFP Anete Kurpniece, directrice de Dodam, un petit bureau qui propose à ses clients un peu de tout, depuis les traductions jusqu\'aux souvenirs. \"De toute façon, nous utilisons déjà l\'euro: le taux de change est fixe (1,43 euro pour un lat) et les clients étrangers nous payent directement en euros\", ajoute-t-elle.A proximité des ruines du château de Valmiera, datant du 13e siècle, le copropriétaire d\'une trattoria confortable, \"Liepziedi un Rozmarins\", garde aussi son sang froid. \"Nous laissons les étrangers payer en euros s\'ils n\'ont pas de lats\", indique-t-il. Selon lui, le seul impact du passage à l\'euro pour son entreprise pourrait être un règlement plus rapide de ses factures aux fournisseurs italiens.A l\'usine de fibre de verre Valmieras Stikls, principal employeur de la ville et l\'un des plus grands exportateurs lettons, l\'ambiance est plus optimiste. \"Je pense que notre entreprise va bénéficier de l\'adhésion à l\'euro\", indique à l\'AFP le chef des services financiers, Senbergs Dainis, estimant que le commerce serait ainsi plus facile \"avec les clients d\'en dehors de l\'Europe, ceux des Etats-Unis et d\'Asie.\" \"Dire non à la zone euro pourrait nuire à l\'image de la Lettonie auprès des investisseurs étrangers\", souligne-t-il.Pour avancer vers l\'euro, les législateurs lettons doivent adopter jeudi une paquet de lois qui permettra à Riga de demander le feu vert de Bruxelles. La Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) doivent rendre leur verdict d\'ici le milieu de l\'année.
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