Le yen redevient le vecteur des stratégies de portage

Depuis l'éclatement de la crise des subprimes à la mi-2007, les stratégies de « carry trade », qui jusque-là faisaient florès, avaient quasiment disparu des écrans radars, la faillite de Lehman Brothers un an plus tard leur portant le coup de grâce. À mesure que montait l'aversion au risque et que les banques centrales s'engageaient dans des politiques de baisses de taux au forceps, ces stratégies de portage juteuses mais dangereuses sont devenues insalubres et ont été mises à l'index. C'était sans compter l'appât du gain : la pratique qui consiste à jouer sur les écarts de rendement entre monnaies, en empruntant une devise à faible rémunération pour en investir le produit sur des placements plus rentables, est en train de renaître de ses cendres, alors que les taux d'intérêt remontent un peu partout dans le monde, en particulier dans les grands pays émergents et les pays producteurs de matières premières menacés par une vague inflationniste. La stratégie de « carry trade » sur le yen connaît sa résurgence la plus marquante depuis deux ans. Elle a été brutalement réactivée par l'intervention concertée du Groupe des Sept, le 18 mars, pour tenter de freiner la flambée du yen, qui s'était retrouvé propulsé à un plafond historique de 76,25 face au dollar la veille, devant la perspective de rapatriements massifs de capitaux dans l'archipel pour assurer la reconstruction d'un Japon sinistré par les séismes et le tsunami. Gains spectaculairesSelon les statistiques compilées par l'agence Bloomberg, l'utilisation du yen comme vecteur pour aquérir des dollars australien et néo-zélandais, du real brésilien, ou de la livre turque (les quatre monnaies les plus prisées) a permis aux investisseurs de réaliser leurs gains heddomadaires les plus spectaculaires depuis mai 2009. Gains que l'agence évalue à 6,9 % au cours de la semaine qui a suivi l'intervention du G7. D'ailleurs, le yen, qui avait initialement fait preuve d'une résistance exceptionnelle, a fini par plier, la situation de la centrale de Fukushima suscitant les plus vives inquiétudes. Mardi, il a reflué jusqu'à 82,45 pour 1 dollar au plus bas dans les transactions, tandis que l'euro dépassait le seuil de 116. Les deux premières monnaies mondiales sont, elles aussi, portées par la certitude de voir les rendements de l'euro remonter de 1 % à 1,25 % dès la réunion du conseil de la BCE du 7 avril et de voir ceux du dollar décoller plus précocément qu'anticipé, si l'on en croît James Bullard. Le président de la banque de Réserve de Saint-Louis annonce aussi une réduction de 100 milliards de dollars sur 600 du programme de rachat de dette, le «QE2» en cours.
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