HP prend le virage de l'Internet mobile

Des ordinateurs et des imprimantes aux smartphones, il y a un pas que HP (Hewlett-Packard) vient de franchir, en rachetant le fabricant de téléphones intelligents Palm. Pourquoi le géant américain, numéro un mondial de l'informatique, jette-t-il son dévolu sur un groupe déficitaire, qu'aucune autre entreprise ne semblait très encline à acquérir ? « L'avenir des groupes d'informatique réside dans l'Internet mobile [smartphones, tablettes tactiles comme l'iPad d'Apple, mini-ordinateurs netbooks...]. HP ne pouvait pas se permettre de rater ce virage vers l'ultramobilité », explique Virginie Lazès, directrice associée de la banque d'affaires Bryan Garnier & Co. Tina Teng, analyste au sein du cabinet de recherche iSuppli, abonde dans le même sens : « La concurrence entre les groupes de high-tech se joue de plus en plus autour de l'Internet mobile. » Et « ce qui fera désormais la différence entre les acteurs de l'Internet mobile, ce sera moins la puissance que l'agilité, l'ergonomie des systèmes d'exploitation permettant de faire fonctionner les appareils mobiles. Ce qui intéresse HP, c'est donc webOS, le système d'exploitation développé par Palm », affirme Virginie Lazès. d'une pierre deux coupsEn s'emparant de Palm, HP fait donc d'une pierre deux coups. D'abord, avec l'acquisition du fabricant des téléphones Pre et du Pixi (lire « La Tribune » du 27 avril), le groupe d'informatique - qui produit déjà des netbooks et s'apprête à lancer sa tablette tactile Slate - prend pied sur un segment supplémentaire de l'Internet mobile, à savoir le marché très porteur des smartphones. Quelque 247 millions de téléphones intelligents seront commercialisés en 2010, soit un bond de 35,5 % par rapport à l'an dernier, selon iSuppli. Ensuite, et surtout, via le rachat de Palm, HP disposera de son propre système d'exploitation, webOS, si bien que ses appareils mobiles ne dépendront pas du système d'exploitation Android de Google ou du Windows Mobile de Microsoft. Une différence de taille avec nombre de fabricants de mobiles. Et un atout certain : la dépendance aux systèmes d'exploitation d'un Google ou d'un Microsoft ralentissent le rythme de sortie de nouveaux modèles. HP se calque ainsi sur le « business model » de son concurrent Apple, dont le célèbre iPhone dispose de son propre système d'exploitation. Certes, HP aurait pu développer lui-même son système d'exploitation pour mobiles. Mais « le groupe a une culture trop hardware [matériel], les solutions logicielles ne sont pas dans ses gènes, il était plus simple et plus rapide pour lui de racheter Palm », décrypte un analyste parisien. Surtout que le prix d'acquisition de Palm - 1,2 milliard de dollars (900 millions d'euros) - est une goutte d'eau pour HP, assis sur une trésorerie de 13 milliards de dollars. une technique saluéeHP ne semble cependant pas près de tailler des croupières à Apple dans les smartphones et, plus globalement, dans l'Internet mobile. Car Palm ne représente que 1,2 % du marché mondial des smartphones, contre 14,4 % pour Apple, 19,9 % pour Research in Motion, le fabricant du BlackBerry, et 41,1 % pour Nokia (source : Gartner). La situation est encore moins reluisante sur le front des systèmes d'exploitation, la part de marché du webOS de Palm se limitant à 0,7 % (voir infographie), malgré des critiques élogieuses sur le plan technique. Mais, ce qui a fait défaut à Palm, c'est un marketing et des forces de ventes dignes de ce nom. Sans oublier l'argent. HP possède tout cela.
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