Les chimistes européens prudents sur la durée de l'embellie

Les industriels de la chimie européenne retrouvent le sourire. « L'amélioration des trois premiers mois de l'année s'est poursuivie au deuxième trimestre, grâce à la reprise de la demande et à la reconstitution des stocks », a indiqué Jürgen Hambrecht, le patron de BASF, leader mondial du secteur. Le groupe allemand a vu son résultat d'exploitation (Ebit) avant éléments exceptionnels doubler au deuxième trimestre, à 2,2 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 30 %, à 16,2 milliards. Une croissance portée par l'ensemble de ses activités (pétrochimie, plastiques, chimie de spécialité). Le géant allemand s'est aussi félicité du rachat le mois dernier de son compatriote Cognis (2,6 milliards d'euros de ventes), présent dans les additifs pour la cosmétique, les compléments alimentaires et les produits ménagers, qui doit l'aider à se diversifier davantage vers la chimie de spécialité, alors qu'il réalise encore le tiers de ses ventes dans le pétrole et la chimie de base. Meilleure productivitéMême satisfecit chez le suisse Clariant, qui a relevé ses objectifs annuels de « plus de 6% » à « plus de 8 % » de marge opérationnelle. De son côté, Bayer a pâti des difficultés de sa branche pharmacie, mais le bénéfice opérationnel de sa chimie est revenu dans le vert, à 226 millions d'euros. Chez le belge Solvay, les ventes de la division plastiques ont crû de 50 %. Les deux chimistes français, Rhodia et Arkema, qui publient leurs résultats respectivement ce vendredi et mardi 3 août, devraient présenter eux aussi des performances encourageantes.Pour autant, les industriels qui ont enregistré durant la crise des chutes de volumes de 25 % à 40 % selon les segments se gardent de crier victoire. Malgré ses excellents résultats, BASF n'a pas souhaité préciser ses objectifs annuels : « Nous anticipons une amélioration considérable de notre résultat opérationnel [Ebit] avant éléments exceptionnels. Mais nous ne voulons pas être trop confiants : nous n'avons pas encore retrouvé nos volumes d'avant la crise », a indiqué Jürgen Hambrecht. Les restructurations menées ces deux dernières années ont amélioré la productivité (+ 3% chez BASF), mais le secteur bénéficie aussi sur le semestre d'un effet de comparaison favorable par rapport à 2009. De sorte que la croissance pourrait ralentir sur la fin de l'année. « Le bas de cycle a été franchi, mais il me semble prématuré de parler de sortie de crise. Des incertitudes demeurent, notamment dans l'automobile ou la construction, qui représentent 30 % à 35 % des débouchés du secteur », estime Marc Livinec, chez Euler-Hermès. De son côté, le patron de BASF indique que « le niveau d'activité est bon, avec une croissance attendue du marché de 4 % aux États-Unis, 8 % en Europe et 14 % en Chine ». Mais, côté commandes, « notre visibilité n'excède pas trois mois », tempère-t-il. A. T.
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