Bernard Magrez recrée la villa Médicis dans le Bordelais

Titulaire pour tout bagage d'un CAP de scieur de bois, Bernard Magrez a su construire en un demi-siècle un véritable empire dans le domaine des vins puisqu'il possède 36 vignobles dans le monde, essentiellement en France, dont certains des plus grands crus classés du Bordelais. Cet hyperactif que l'âge ne semble pas atteindre, passionné par les arts, est aussi un collectionneur acharné. De bronzes animaliers du xixe siècle - il en possède une quarantaine -, mais aussi de toiles de Bernard Buffet qu'il a eu le plaisir de côtoyer. « J'ai eu une chance inouïe dans les affaires et il y a un moment où le devoir est d'aider les autres, jeunes ou moins jeunes, qui ont envie de réussir et qui ont du talent. » C'est ainsi qu'il a décidé de créer l'Institut culturel Bernard Magrez (ICBM). La mission de cette fondation est d'aider des artistes aussi bien dans le monde des arts plastiques que de la musique ou, plus rare, de la littérature.Inspiré de la villa Médicis à Rome, l'ICBM entend accueillir des artistes en résidence dans plusieurs de ses propriétés bordelaises, mais également en plein coeur de Bordeaux, au château Labottière. Cet hôtel particulier du XVIIIe siècle sera consacré à l'art contemporain avec une double activité : galerie d'art et musée public, mais également lieu d'accueil de quatre ateliers proposés à autant de jeunes artistes prometteurs. « Nous voulons donner leur chance à des artistes qui n'arrivent pas à percer parce qu'il est très difficile d'être mis en avant par les galeries », insiste Bernard Magrez, dont la fondation va également investir Château Pape Clément, grand cru classé de Graves, qui servira de résidence d'artistes contemporains, ainsi que deux autres Châteaux.À La Tour Carnet, cru classé du haut Médoc, c'est la littérature qui sera à l'honneur. Cette ancienne propriété de la soeur de Montaigne - où La Boétie aurait écrit son « Discours de la servitude volontaire » - accueillera chaque année les « recalés » des grands prix littéraires. Pour Bernard Magrez, là encore, il s'agit avant tout de « donner leur chance à ceux qui n'ont pas eu celle d'être premiers, mais qui n'en ont pas moins de valeur ». Pour les sélections, les candidats devront rédiger une vingtaine de feuillets sur le thème de l'amitié avant de passer devant un jury d'honneur composé des acteurs - et amis de Bernard Magrez - Jacques Weber et Gérard Depardieu, des auteurs reconnus, des éditeurs.Enfin, la musique aura sa place au Château Fombrauge, grand cru de Saint-Émilion cette fois, qui recevra deux à trois artistes plusieurs fois par an. « Je voulais commencer par la musique baroque, mais ce sont souvent des ensembles importants et nous n'avons pas des centaines de chambres, regrette Bernard Magrez. Nous allons donc accueillir des solistes classiques. S'il est plus facile de les accueillir, il est en revanche difficile de les sélectionner ! » Là encore, le créateur de l'ICBM s'entourera de personnalités (chefs d'orchestre, grands amateurs, journalistes spécialisés) pour composer le jury. « Le problème, ce n'est pas d'avoir des gens connus, mais compétents et intellectuellement honnêtes. La subjectivité est rare... » Doté d'un budget de fonctionnement de 500.000 euros pour la première année, l'ICBM est entièrement financé par Bernard Magrez. « Je n'ai plus 20 ans et je veux aller vite. Faire entrer des tiers dans la fondation pourrait m'amener à aller plus lentement, à composer. Dans cette initiative, je veux être seul ! » Dans tous les cas, les premiers artistes sont attendus pour cet été dans les différentes propriétés.Béatrice Delamotte? Lundi : entretien avec François Rial, patron de Voyageurs du Monde.
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