Les banques à la fête hier, vulnérables demain

À première vue, en Bourse, tout va pour le mieux pour les banques. L'augmentation de capital de la Société Généralecute; Générale (4,8 milliards d'euros) a fait l'objet d'une demande 1,7 fois supérieure à l'offre de titres. La semaine dernière, celle de BNP Paribas présentait un taux de souscription de 254 %. Et surtout, depuis leur point bas de début mars, les valeurs bancaires européennes (indice Dow Jones sur les banques de la zone euro) sont en hausse de plus de 150 %. Hier encore, les marchés ont salué le retour à la croissance des États-Unis (le PIB de la première économie mondiale a progressé de 3,5 % au troisième trimestre). Résultat : + 1,37 % pour le CAC 40 et + 3,55 % pour les banques européennes.marché vulnérablePourtant, ces derniers jours, les actions du secteur ont été particulièrement chahutées. En cinq séances, l'indice Dow Jones Stoxx 600 Banks avait perdu près de 9 %. Certes, la volatilité des valeurs bancaires a considérablement reculé par rapport au début de l'année ou à l'année dernière, mais elle reste supérieure à la moyenne du marché. Car « les investisseurs ont déjà intégré le retour au ?business as usual?, alors que les banques ne devraient pas retrouver, avant 2011, un rythme de croissance comparable à celui de ces dernières années », explique un analyste. Dès lors, le marché est extrêmement vulnérable à toute mauvaise nouvelle. Deutsche Bank estime, pour sa part, que le secteur se paie en moyenne 1,4 fois ses fonds propres, ce qui signifie que « le retour aux bénéfices est intégré dans les cours », insiste le courtier. En outre, nombre d'analystes ont pris du recul par rapport aux bons résultats récemment publiés par les banques américaines, soulignant que ces performances provenaient essentiellement des activités hautement volatiles de banque d'investissement, et en particulier, des activités de taux. Or, collés au plancher depuis plusieurs mois par l'action des banques centrales, les taux de marché ne peuvent que remonter, ce qui pèsera sur les résultats des établissements financiers. Depuis la rentrée, les taux à 2 ans ont déjà pris 30 points de base, mettant un terme à l'envolée des valeurs bancaires. Il n'est pas encore question de hausse des taux directeurs, à part en Norvège, mais « les banques devraient se préparer au retrait progressif des médicaments que leur administrent les banques centrales », a prévenu Axel Weber, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a mis fin à son programme exceptionnel d'achat de bons du Trésor. Autres sujets d'inquiétude récurrents : le durcissement de la réglementation et les restructurations imposées par la Commission européenne en échange de l'aide apportée pendant la crise. Les investisseurs craignent que d'autres établissements financiers ne subissent le même sort qu'ING, obligé lundi de séparer ses activités bancaires de celles d'assurance. Sophie Rolland et Christine Lejoux
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