Quelle rémunération pour Henri Proglio, nouveau patron d'EDF  ?

Les prétentions salariales d'Henri Proglio à la tête d'EDF ont décidément du mal à passer. En demandant la même rémunération que chez Veolia, où il gagnait en moyenne 2 millions d'euros par an (*), cela revient à doubler le traitement de son prédécesseur qui a touché 1,1 million d'euros en 2008. Si ces exigences sont connues depuis des semaines (« La Tribune » du 15 octobre), le soutien apporté en fin de semaine dernière par François Fillon, qui juge ce souhait « parfaitement normal », a mis le feu aux poudres. Du secrétaire d'état à la Justice, Jean-Marie Bockel, au député PS, Arnaud Montbourg, chacun y est allé de son commentaire. Le porte-parole, Luc Chatel, a tenté de botter en touche en expliquant qu'« il existe un comité de rémunération chez EDF » et qu'il s'en remettait à ce dernier. Pourtant, c'est bien l'État, actionnaire à 85 % d'EDF, qui fixe le salaire du patron, même s'il est ensuite validé par le conseil d'administration. « Le comité n'est pas encore saisi de la question. Des discussions avec les ministres de tutelles vont d'abord avoir lieu. Cela prendra des semaines », précise une source chez EDF.Au gouvernement, on met en avant la nécessité de rémunérer à leur juste niveau les compétences d'Henri Proglio. « Il faut que les choses soient très claires : on a choisi Henri Proglio parce qu'on avait besoin de mettre à la tête d'EDF un grand industriel avec une grande expérience », a déclaré le Premier ministre. Cet argument, au passage un rien désobligeant pour Pierre Gadonneix, donne à l'État le mauvais rôle, celui du recruteur désarmé face à un candidat unique qui dicte ses conditions. Cette volonté de mieux rémunérer le patron de l'électricien, qui génère un chiffre d'affaire de 64,3 milliards d'euros, a le mérite de tenter de hisser EDF au même niveau que ses grands homologues (voir ci dessous).Pour Henri Proglio, le raisonnement est simple. « Ce n'est pas une punition de prendre la tête d'EDF », soulignent ses proches. Pourquoi verrait-il son salaire diminuer par deux ? » C'est pourtant le prix du pouvoir politique que certains patrons du privé n'hésitent pas à acquitter pour goûter à la conduite des affaires publiques. Henri Proglio est d'ailleurs prêt à des concessions. Il demande 2 millions d'euros « tout compris ». C'est-à-dire à la fois son salaire chez EDF et sa rémunération en tant que président du conseil d'administration de Veolia. Ce qui laisse une marge de négociation aux pouvoirs publics.« inacceptable »L'État court le risque de relancer la grogne sociale chez EDF. L'accord de branche qui vient d'être signé prévoit une hausse de 2,8 % des rémunérations en 2010. « Non seulement, le salaire du PDG doit être apprécié en regard des 38.688 euros annuels que touchent en moyenne les agents EDF, mais s'il évolue plus vite que celui des salariés, c'est encore plus inacceptable », affirme Philippe Pesteil, administrateur CFDT d'EDF.Pour autant, peu de contagion est à craindre au sein de la confrérie des patrons d'entreprises dans lesquelles l'État détient des participations. Ils sont tous bien mieux payés que chez EDF, à l'exception des patrons d'Aéroports de Parise Paris et d'Areva, où l'État garde plus de 50 % (voir tableau). n(*) 2,5 millions d'euros en 2007 et 1,6 million d'euros en 2008 (la part variable étant passée de 1,4 à 0,5 million d'euros).
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