Lunettes : le ton monte entre les sites Internet et les opticiens

Marc Simoncini a jeté un pavé dans la mare. Après avoir investi 7,5 millions d'euros dans le site Lentillesmoinscheres.com, le fondateur de Meetic compte lancer, d'ici à l'été, Sensee.com, dédié à la ventes de lunettes de vue et solaires. « Les 11.000 boutiques d'optique françaises dégagent une marge de 60 %. Nous voulons diviser par deux le budget d'optique des Français », assène l'entrepreneur. Il reprend ainsi les arguments de ses prédecesseurs, happyview.fr et easy-verres.com en tête, qui s'installent discrètement sur ce créneau depuis deux ans. « Le prix des verres chez les opticiens est fixé de façon très opaque. Nous proposons des prix jusqu'à 40 % moins chers », confirme Jean Polier le jeune fondateur d'Easy-verres. Happyview.fr qui a levé 3 millions d'euros le mois dernier.Pour l'heure, l'activité de ces trublions de l'optique reste anecdotique : entre 1 et 5 % d'un marché qui a atteint 5,3 milliards d'euros l'an dernier, quand les Krys, Optic 2000 et autres Afflelou en occupent chacun 10 à 15%. Parade des e-OpticiensPourtant, la multiplication des sites de vente en ligne (une vingtaine) ne laisse personne indifférent. À commencer par les pouvoirs publics, qui ont réuni vendredi dernier, au ministère de la Santé, des industriels, des représentants de sites et des réseaux d'opticiens pour évoquer une législation propre à l'optique en ligne. Deux pistes sont privilégiées : l'obligation de transmettre une ordonnance à « l'e-opticien » pour les lentilles, et l'interdiction de vendre des lunettes à forte correction ou des verres progressifs sur le web. Car, fait valoir la profession, une bonne correction nécessite des mesures faciales qui ne peuvent se faire que « de visu ». Easy-verres a déjà trouvé la parade : le client achète ses verres en ligne puis se rend chez l'un des 700 opticiens du réseau (dont un tiers appartiennent à des enseignes !) pour choisir sa monture et régler ses lunettes. Les opticiens traditionnels tentent de s'adapter : Krys a lancé son site marchand il y a quelques semaines, Optic 2000 prépare le sien pour octobre. Le passage en boutique pour le montage des lunettes sera indispensable. « Ce marché est trop technique pour le web », affirme le secrétaire général du groupe Optic 2000, Yves Guénin. « Les mesures peuvent tout à fait être réalisées en ligne », rétorque Marc Simoncini, qui cite en exemple les marchés britannique et allemand. Le gouvernement souhaite légiférer d'ici à la fin de l'année. « Avant l'été », espère Jean Polier. Il vise 1 à 5 % du marché d'ici à 5 ans. Sensee.com attend 70 à 200 millions d'euros de chiffre d'affaires à terme.
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