Les banques chinoises sortent renforcées de la crise

Officiellement, les banques chinoises ont bel et bien tourné la page de la crise financière. Mercredi, ICBC, le plus grand établissement bancaire du monde en termes de capitalisation, a fermé le bal des résultats 2010 pour les principaux acteurs du secteur. Ses profits sur l'année ont bondi de 28,7 % pour atteindre 166 milliards de yuans (18 milliards d'euros). Bank of China et la China Construction Bank ont, elles aussi, affiché de belles performances, leur bénéfice ayant respectivement grimpé de 29 % et de 26 %. Au total, le régulateur bancaire (CBRC) a estimé dans son rapport annuel que le secteur avait dégagé un résultat net collectif de 899,1 milliards de yuans (97,4 milliards d'euros), ce que constitue un record historique et une croissance de 35 % sur 2009, un rythme inégalé depuis trois ans.Ce dynamisme est principalement dû à une croissance soutenue de l'octroi du crédit - malgré l'ambition affichée du gouvernement de le contrôler - qui a permis aux marges bancaires de s'apprécier. La hausse des taux d'intérêt, intervenue à trois reprises depuis octobre 2010, a été répercutée par les banques sur les crédits de leurs clients. Les analystes estiment que ces conditions monétaires favorables se poursuivront au cours de la première moitié de l'année 2011.Les résultats record ont été dégagés en dépit d'efforts gigantesques visant à renforcer le secteur bancaire : après avoir injecté des liquidités massives dans le système économique et ouvert les vannes du crédit aux gouvernements locaux dont les emprunts ont été titrisés, les banques commerciales ont été obligées de se recapitaliser et de constituer des provisions contre d'éventuels prêts non performants. Les cinq plus grandes d'entre elles ont ainsi levé 40 milliards d'euros sur le marché actions ou en obligations convertibles.La CBRC a également demandé aux banques de mettre de l'ordre dans leur bilan : elles étaient en effet accusées de dissimuler leurs prêts douteux dans des produits financiers présentés comme viables. Les analystes estiment dans le meilleur des scénarios que les prêts non performants représentent 20 % du total des créances accordées, contre 35 % pour les plus pessimistes.Résultats faussésCependant, malgré ce risque latent, les opérateurs de marché sont dans l'ensemble confiants pour la croissance chinoise et estiment que le gouvernement soutiendra le système bancaire. Ils assurent qu'à terme ces établissements pourront absorber les créances douteuses. L'agence de notation Moody's vient d'ailleurs de maintenir une opinion « stable » sur les perspectives de l'ensemble des banques.« Le nuage des recapitalisations est derrière nous et l'essentiel du resserrement monétaire est fini. Nous nous attendons à une croissance soutenue des profits à l'avenir, d'environ 20 %», explique le Credit Suisse dans une récente étude.Mais pour certains analystes, les résultats affichés sont tout simplement faussés et ne reflètent pas la réalité des risques encourus par les banques. « Si l'on prend pour référence historique l'autre grande vague de crédit, celle des années 1990, on peut légitimement se demander si 30 % des banques ne pourraient pas faire défaut », affirme Patrick Chovanec, économiste à l'université de Tsinghua à Pékin.
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